Les ventes d'électricité n'ont pas augmenté en 2008, mais Hydro-Québec a quand même réussi à hausser de 8% ses profits annuels, qui ont franchi la barre des 3 milliards de dollars pour la première fois de son histoire.

Ça s'explique de deux façons. Hydro a vendu moins d'électricité au Québec, mais cette baisse a été plus que compensée par l'augmentation de ses tarifs. La société d'État a aussi augmenté de 40% ses exportations, à un prix plus intéressant que ses ventes au Québec.Résultat, les profits ont augmenté de 234 millions, à 3,1 milliards. Les trois quarts de ces profits, soit 2,2 milliards, seront versés en dividende au gouvernement du Québec.

«Hydro est très satisfaite de sa performance de 2008 et de ses exportations très rentables», a commenté hier Lise Croteau, vice-présidente comptabilité et contrôle, déléguée par la direction d'Hydro pour expliquer ses résultats annuels.

Au total, Hydro a vendu la même quantité d'électricité en 2008 qu'en 2007, soit 192 milliards de kilowattheures. Les ventes au Québec ont baissé de 1,6%, en raison d'un hiver 2007-2008 moins froid et de la baisse de la demande industrielle, principalement dans le secteur des pâtes et papiers, qui tourne au ralenti.

Les ventes au Québec ont toutefois rapporté 77 millions de plus que l'an dernier grâce à l'augmentation cumulative des tarifs.

Les exportations ont généré 380 millions de profits de plus que l'an dernier. Chaque kilowattheure exporté a rapporté 9,8 cents, plus deux fois plus que le kilowattheure vendu au Québec (6 cents, moins le coût de production de 2,1 cents)

La rentabilité des exportations a toutefois été un peu moindre en 2008. L'année précédente, chaque kilowattheure exporté avait rapporté 10,3 cents le kilowattheure, un demi-cent de plus.

La baisse n'est pas significative, selon Lise Croteau, d'autant que les quantités d'électricité exportées ont été beaucoup plus importantes en 2008. «Nous, quand on regarde ça, on trouve qu'on a des résultats comparables», a-t-elle dit.

Les exportations comptent pour 8,2% des ventes en volume mais pour 32% du bénéfice net d'Hydro.

Hydro a plus d'électricité que jamais à exporter, ce qui est une bonne nouvelle. La mauvaise, c'est que les prix sont en baisse sur le marché américain. Les Américains en récession consomment moins d'énergie, ce qui a fait chuter dramatiquement le prix du pétrole et celui des autres énergies qui y sont liées, dont l'électricité.

La vice-présidente a reconnu que les exportations rapportent moins depuis le début de 2009, mais elle a refusé de préciser sur le sujet.

Les profits de 2008 ont été augmentés d'un gain de 126 millions provenant d'un ajustement du prix de vente de la filiale Transelec en 2006. Par contre, la rentabilité d'Hydro a été diminuée de 552 millions en raison des nouveaux droits hydrauliques qui doivent être versés au gouvernement et aussi à cause des contrats spéciaux avec les alumineries, dont le manque à gagner a été plus élevé de 86 millions comparativement à l'an dernier.

Les employés d'Hydro-Québec se sont partagé des primes totalisant 50 millions pour célébrer cette année de profits records.

Dans le cas du président-directeur général Thierry Vandal, une prime de 122 211$ s'est ajoutée à son salaire de base de 417 321$. En ajoutant les autres avantages liés à sa fonction, M. Vandal a engrangé une rémunération totale de 558 396$.

HYDRO-QUÉBEC SORT LA CASSETTE

Hydro-Québec était déjà la seule entreprise importante à présenter ses résultats annuels en l'absence de son président-directeur général. Elle est devenue hier la première à le faire sur cassette ! Le discours de la vice-présidente, comptabilité et contrôle, était préenregistré pour la téléconférence avec les journalistes portant sur les résultats de 2008.

Heureusement, la vice-présidente était disponible pour répondre aux questions en chair et en os, après sa présentation préenregistrée. C'est «par souci d'efficacité» que cette façon de procéder a été retenue, a expliqué une porte-parole de la société d'État.