Il n'y a pas que Mega Brands qui éprouve des difficultés dans le monde des jouets. Le fabricant montréalais Bojeux vient de se placer sous la protection de la Loi sur la faillite et l'insolvabilité.

Les problèmes financiers de Bojeux ont commencé il y a deux ans et demi avec le règlement hors cour d'une poursuite intentée par un important fournisseur israélien, Amav, qui a coûté 2 millions $. Les difficultés se sont amplifiées récemment lorsqu'un des cofondateurs de l'entreprise, Jacques Richer, a vendu sa participation au président Georges Gareau, lui aussi cofondateur.

Ces deux événements ont grevé le fonds de roulement de Bojeux. Le fabricant n'a pu effectuer certains paiements sur sa marge de crédit, de sorte que sa banque, à qui il doit 3 millions $, veut récupérer ses billes.

Aucune autre institution financière ne veut prendre le relais. Or, c'est là une condition essentielle pour obtenir l'appui d'institutions publiques comme Investissement Québec.

«On a crié au meurtre du côté des gouvernements, mais on ne répond pas à leurs critères», a lancé M. Gareau au cours d'un entretien téléphonique, lundi.

De leur côté, les fonds de capital-risque exigent la présence d'un autre investisseur pour plonger dans l'aventure, a expliqué l'homme d'affaires.

Georges Gareau recherche donc activement un investisseur privé qui pourrait injecter environ 3 millions $ dans Bojeux. Il a rencontré plusieurs personnes, mais rien ne garantit qu'il parviendra à ses fins rapidement. Le hic, c'est qu'en vertu de la Loi sur la faillite, une entreprise insolvable ne dispose que d'une période maximale de six mois pour se restructurer.

«Le temps joue contre nous et le contexte économique joue contre nous, a reconnu M. Gareau. Les banques sont toutes frileuses présentement.»

Bojeux fabrique plus d'une centaine de différents produits, dont des jouets de bois, de la pâte à modeler, des articles de «loisirs créatifs» et des jeux de construction.

Expansion internationale

L'entreprise effectue environ 80 pour cent de ses ventes au Canada et le reste à l'étranger. Au cours des dernières années, Bojeux a beaucoup misé sur les marchés internationaux. Elle remplit actuellement des commandes en provenance des États-Unis, de France, d'Espagne, de Chine, de Russie, d'Argentine et du Chili. Son chiffre d'affaires a atteint 12 millions $ en 2008.

Cette année, M. Gareau ambitionne de réaliser un chiffre d'affaires de 18 millions $, dont le tiers à l'étranger. Devant la récession, il a ramené son objectif à 15 millions $. Mais pour y parvenir, Bojeux devra d'abord réussir sa restructuration judiciaire, ce qui sera tout un défi, de l'aveu même de son dirigeant.

«On s'en va vers une année extraordinaire mais on manque d'essence», a-t-il déploré.

Bojeux compte une cinquantaine d'employés permanents. Le nombre total de travailleurs dépasse la centaine au plus fort de la période de production, effectuée principalement à l'usine de Montréal.