La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a arrêté le fraudeur d'odomètres Azizollah Motahedeh, alias Jack Motada, vendredi dernier. Le récidiviste roule des acheteurs de véhicules d'occasion depuis plus de 20 ans.

L'homme de 54 ans fait face à 23 chefs d'accusation, pour fraude, fabrication et utilisation de faux. Il restera en prison jusqu'à son enquête sous caution. M. Motahedeh devait comparaître, mardi, au palais de justice de Montréal. Mais son avocat a demandé un report de l'audience à demain, afin de prendre connaissance des nouveaux éléments de preuve recueillis par la GRC.

En effet, la GRC a perquisitionné au 7162, Côte-Saint-Luc, le quadruplex d'où M. Motohedeh fait affaire. Elle a saisi 45 plaques d'immatriculation, 15 cartes de crédit, et une dizaine de véhicules (Subaru, Volvo, Toyota, etc.) dont l'odomètre avait été reculé de 170 000 kilomètres en moyenne.

La GRC a ouvert son enquête après avoir reçu neuf plaintes formelles de la part de consommateurs floués, entre septembre 2006 et novembre 2008. La GRC invite toutes les autres victimes potentielles à la contacter au 514-939-8307.

Le stratagème de M. Motahedeh est toujours le même. «Il affiche un véhicule avec un bas kilométrage. Les acheteurs pensent qu'il s'agit d'une aubaine intéressante. Ils donnent un dépôt ou achètent immédiatement», expose le gendarme enquêteur Ramon Sepulveda. Les acheteurs découvrent qu'ils ont été bernés lorsqu'ils vont au garage pour l'entretien ou lorsque le véhicule tombe en panne.

Au fil des ans, au moins une quarantaine de victimes ont tenté, en vain, de récupérer leurs billes en poursuivant M. Motahedeh aux petites créances, comme le dévoilait La Presse dans le dossier Quand l'odomètre ne tourne pas rond, publié en mai 2007.

Un dur...

Or, M. Motahedeh se moque des poursuites. Reconnu coupable, il refuse toujours de payer. Impossible de le faire saisir, car le quadruplex, qui vaut plus d'un demi-million, appartient à sa conjointe.

Jusqu'à maintenant, les accusations criminelles n'ont pas réussi à le freiner non plus. En novembre 2006, la GRC avait déposé contre lui 15 chefs d'accusation pour trafic d'odomètre et falsification. L'affaire est encore devant les tribunaux. En 1994, la GRC l'avait accusé des mêmes crimes. Il avait été condamné à une amende de 10 500$ qu'il n'a jamais payée.

Pendant tout ce temps, M. Motahedeh a poursuivi ses activités. Il attrapait des consommateurs le mois dernier encore : «Ma femme et moi avons acheté une voiture de cet homme», a confié à La Presse un autre acheteur mécontent.

«Nous cherchions une voiture plus sécuritaire, pour nos deux enfants, dit-il. Mais je crois que la lecture de 74 000 kilomètres est fausse. Il devait aussi récupérer des pneus qui étaient supposément chez sa belle-mère. Je crois bien que nous ne les aurons jamais.»