Alors que la Caisse de dépôt se cherche un capitaine pour redresser le navire, l'un des financiers les plus en vue du Québec est désormais libre comme l'air.

Hier, Luc Bertrand a annoncé son départ de la Bourse de Montréal après huit ans à titre de PDG. Le financier multimillionnaire de 54 ans aura transformé la place boursière en spécialiste des produits dérivés. Après avoir acquis la Boston Options Exchange - son plus grand coup d'éclat à la tête du parquet mont-réalais -, il a supervisé les négociations ayant mené à l'acquisition de la Bourse de Montréal par celle de Toronto l'an dernier.

 

Après la transaction ayant donné naissance au Groupe TMX [[|ticker sym='T.X'|]] (le diminutif pour Toronto Montreal Exchange), Luc Bertrand a continué à diriger la Bourse de Montréal sans toutefois réussir à devenir le grand patron du Groupe TMX. Sous sa direction, la Bourse de Montréal s'est aussi positionnée en matière environnementale en créant le Marché climatique de Montréal.

Luc Bertrand restera en poste au Groupe TMX jusqu'à la fin juin afin d'assurer une transition en douceur avec son successeur à la tête du parquet montréalais, Alain Miquelon. Contrairement à M. Bertrand, Alain Miquelon ne sera pas chef adjoint du Groupe TMX.

Luc Bertrand partira «relever de nouveaux défis». Des nouveaux défis comme celui de président et chef de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui doit être nommé au plus tard le 30 juin, soit sa dernière journée de travail au Groupe TMX? «Je vais d'abord concentrer mes efforts sur la transition au sein du Groupe TMX, dit M. Bertrand. Je vais ensuite prendre un temps de recul et un peu de temps en famille.»

Le financier ne ferme toutefois pas la porte à la possibilité de diriger les destinées de la Caisse de dépôt et placement du Québec, l'institution financière la plus mythique dans le coeur et l'imaginaire des Québécois. Son nom avait d'ailleurs circulé l'an dernier comme successeur potentiel à Henri-Paul Rousseau, mais c'est finalement Richard Guay qui avait été choisi. «Je ne ferme pas la porte dans le sens où ça va prendre un effort de communauté, de gens qui sont déjà à la Caisse et peut-être aussi d'autres gens de l'extérieur de la Caisse, pour re-stabiliser (la Caisse) pour le bien du Québec», dit Luc Bertrand.

Hier, à l'occasion de son départ de la Bourse de Montréal, Luc Bertrand s'est porté à la défense de la Caisse de dépôt, qui a annoncé la semaine dernière des pertes des 39,8 milliards de dollars pour l'année 2008 - de loin la pire de son histoire. La Caisse a surtout été malmenée dans l'opinion publique en raison de son exposition au papier commercial: 12,6 milliards, soit le tiers de tout le papier commercial au Canada.

«Quand je regarde ce qui se passe (à la Caisse), je ne cache pas ma déception face à la polémique et à la critique à laquelle la Caisse fait face, dit Luc Bertrand. Il faut regarder les choses avec plus de recul. Il y a une profondeur et une expertise à la Caisse pour gérer cette crise.»

«Je peux comprendre le désarroi et l'inquiétude des gens, mais dans ces situations-là, il faut faire une analyse cartésienne des choses, continue M. Bertrand. On n'apporte absolument rien au débat si on ne fait que l'enflammer. La pire chose quand on prend des décisions financières, c'est être émotif. Il faut être détaché, pragmatique et cartésien.»

Le PDG de la Bourse de Montréal croit que le pire est passé pour la Caisse dans le dossier du papier commercial. «Il faut regarder le traitement comptable, dit-il. La Caisse a pris des charges, pas des radiations d'actifs. C'est une grande nuance. J'ignore combien la Caisse va finir par récupérer en valeur sur son papier commercial, mais je suis prêt à parier avec vous que ce sera davantage que la valeur actuelle aux livres.»

 

1992

Luc Bertrand entre au conseil d'administration de la Bourse de Montréal. Il sera nommé au conseil exécutif deux ans plus tard, puis à la présidence du conseil en 1998.

13 mars 2000

Luc Bertrand devient président et chef de la direction de la Bourse de Montréal.

6 février 2004

La Bourse de Montréal ouvre la Boston Options Exchange pour le marché américain.

1er mai 2008

La Bourse de Montréal et le Groupe TSX (Bourse de Toronto) fusionnent. Luc Bertrand devient chef adjoint de la direction du nouveau Groupe TMX.

14 juillet 2008

L'Américain Thomas Kloet est préféré à Luc Bertrand et devient chef de la direction du groupe TMX.

5 mars 2009

Luc Bertrand annonce son départ du Groupe TMX.