Presque 7 milliards de dollars américains.

C'est le montant de l'énorme baisse de valeur du portefeuille de la Caisse de dépôt et placement en actions d'entreprises cotées sur les Bourses américaines durant l'année 2008.

Ces placements valaient 6,2 milliards US au 31 décembre dernier, a constaté La Presse Affaires dans la dernière déclaration de la Caisse à la SEC (Securities and Exchange Commission), le principal gendarme boursier aux États-Unis.

 

Or, cette somme s'avère amputée de plus de moitié - 52% ou 6,9 milliardsUS de moins - par rapport à la valeur des mêmes placements de 13,2 milliards US déclarés un an plus tôt.

Aussi, la Caisse de dépôt a rétréci considérablement son portefeuille d'actions d'entreprises cotées sur les Bourses américaines. La liste qu'elle a soumise à la SEC au 31 décembre contenait environ 250 titres (actions, options et fonds négociés), à peine le tiers des 750 noms déclarés un an plus tôt.

Il s'agit surtout d'actions d'entreprises américaines, mais aussi de quelques canadiennes d'importance dont les actions sont cotées sur une Bourse américaine.

Ainsi, parmi les dizaines d'entreprises américaines larguées par la Caisse à la fin de l'année 2008, on note Apple, Dell, IBM et Hewlett-Packard en informatique, AT&T et Google en télécoms-internet, Johnson&Johnson, Kellogg, Gap et Nike en consommation, ainsi que Dow Chemicals, Chevron et ExxonMobil en pétrochimie.

En contrepartie, le portefeuille américain de la Caisse contenait encore à la fin de 2008 des entreprises comme Alcatel-Lucent, Microsoft et Cisco Systems en technologies, Coca-Cola, McDonald's et Wal-Mart en consommation de masse.

Une précision s'impose toutefois: les déclarations trimestrielles de la Caisse de dépôt à la SEC excluent le prix d'achat ou de vente des titres. Par conséquent, une chute de valeur de portefeuille, même énorme à 52%, ne peut être assimilée à une mesure de rendement de ces placements.

Ce rendement - ou dévaluation - selon les types de placements est attendu avec les résultats annuels de la Caisse, à la fin de la semaine prochaine.

«Le krach boursier a frappé, certes, mais il faut aussi considérer les reventes de titres pour subvenir aux besoins de liquidités. Or, ça semble avoir été un facteur important à la Caisse de dépôt, l'automne dernier», a commenté Jean Bergeron, directeur en gestion d'actifs chez Morneau-Sobeco, spécialisée en caisses de retraite.

Par ailleurs, à première vue, l'impact du krach sur le portefeuille d'actions américaines de la Caisse s'annonce comparable à celui d'autres investisseurs institutionnels à Montréal et à Toronto, selon leur déclaration à la SEC.

«L'année 2008 a été très difficile pour tous les gestionnaires. En fait, c'est la pire année depuis le fort repli boursier de 1973-1974, et dont les caisses de retraite avaient mis deux ou trois ans à se remettre», rappelle Don McDougall, directeur chez RBC Dexia, filiale spécialisée de la Banque Royale (RBC).

À Montréal, par exemple, la firme Jarislowsky Fraser a vu la valeur de ses placements gérés en actions sur les Bourses américaines chuter de 45% au cours de 2008.

Cette valeur totale cotait à 17,5 milliards US au 31 décembre dernier, par rapport à 32,2 milliards US déclaré à la SEC un an plus tôt.

Scénario semblable à la filiale de gestion de fonds et des placements boursiers de la Banque Nationale. Au 31 décembre, Gestion Natcan a déclaré une valeur de 3,8 milliards US en placements sur les Bourses américaines. C'était 4,6 milliards US ou 50% de moins que la valeur déclarée un an plus tôt.

À Toronto, le pendant de la Caisse de dépôt, la caisse de retraite Teachers' des enseignants de l'Ontario, a aussi dû gérer une atrophie considérable de ses avoirs en actions négociées sur les Bourses américaines.

Ce portefeuille ne valait plus que 3,7 milliards US au 31 décembre dernier, soit 5,5 milliards US de moins (-59%) que sa valeur un an plus tôt, selon la déclaration de Teachers' à la SEC.

Pour sa part, la caisse de retraite Omers des employés municipaux de l'Ontario a vu son avoir en actions cotées sur les Bourses américaines basculer de 3,9 milliards US durant 2008.

Il cotait à 4,1 milliards US au 31 décembre, ce qui était 48% de moins que les 8,07 milliards déclarés un an plus tôt.