Le budget 2007 de déneigement de la Ville de Montréal fixé à 127 millions de dollars a été dépassé de 35 millions, a dit à La Presse Yves Girard, le haut fonctionnaire responsable de l'enlèvement de la neige. Les chiffres pour l'année financière 2008 incluant les tempêtes de décembre ne sont pas encore compilés mais avec les 371 cm tombés durant l'hiver 2007-2008, il y aura déficit.

À la Ville de Montréal, Yves Girard indique que couvrir les dépassements budgétaires par des produits dérivés «ne fait pas partie des politiques» de la Ville. «On estime que ce n'est pas nécessairement avantageux. C'est comme notre parc de véhicules, qui n'est pas assuré; on s'en tire pour moins cher. Pour ce qui est du déneigement, il y a des années où on défonce notre budget. Mais les hivers moins neigeux permettent d'accumuler des surplus, qu'on prend quand il neige plus.»

 

La Ville de Montréal a déjà envisagé d'acheter une option contre la neige pour l'hiver 1999 ou 2000, affirme Marty Malinow, président de la firme financière Galileo Weather Risk Management, de New York. «Je m'en souviens très bien, j'étais monté à Montréal faire un pitch à leurs gens des finances, pour l'hiver suivant. Bon sang qu'il faisait froid «, a-t-il dit hier. La Société Générale avait aussi présenté une offre à la ville : «Si la ville avait acheté une couverture pour cette année-là, elle aurait encaissé un paiement, il avait neigé énormément durant l'année qu'on offrait de couvrir «, se souvient Gilbert Lavoie, du bureau montréalais de la Société générale (cette banque française s'est depuis retirée du marché des dérivés climatiques).

Le «cas « Ski-Doo

M. Malinow, qui travaillait alors pour la défunte Enron, dit aussi avoir vendu une option de neige en 1998 et en 1999 à Bombardier, qui voulait protéger ses motoneiges Ski-Doo contre le risque contraire, la pénurie de neige.

Le cas de Ski-Doo est d'ailleurs cité par la Bourse de Chicago, sur son site internet. Bombardier (qui a depuis cédé Ski-Doo à BRP) offrait un paiement de 1000$ aux acheteurs de plusieurs villes américaines et canadiennes s'il neigeait en deça d'un certain niveau. Pour couvrir le risque financier lié à cet outil marketing, Bombardier avait couvert son risque par des produits dérivés. Le contrat à terme prévoyait que Ski-Doo était payé dans les mêmes conditions de neige qui l'obligeaient à payer 1000$ à chaque acheteur de motoneige, se souvient M. Malinow. « Il a neigé assez et Ski-Doo n'a pas eu besoin de verser d'argent et son option de neige a expiré sans paiement. Mais Ski-Doo a vu ses ventes de motoneiges grimper» (de 38% en 1998, selon la Bourse de Chicago).