Le groupe SiriusXM, qui domine la radio par satellite aux États-Unis, a annoncé lundi le rachat de Pandora, l'un des premiers services de streaming musical du pays. Une transaction boudée par le marché.

La transaction qui a une valeur de quelque 3,5 milliards de dollars se fera entièrement par actions, précise SiriusXM dans un communiqué.

SiriusXM, qui est le leader de la radio par abonnement aux États-Unis et offre des dizaines de programmes musicaux, sportifs ou d'informations particulièrement prisés par les automobilistes, voit dans ce rachat le moyen «d'étendre significativement sa présence au-delà des automobiles dans les domiciles et autres domaines mobiles», souligne le communiqué, ajoutant toutefois que pour l'heure il n'y aura pas de changement de programmation.

SiriusXM fonctionne par abonnement mensuel alors que Pandora met à disposition des auditeurs une offre gratuite avec de la publicité ainsi qu'une offre payante pour 4,99 et 9,99 dollars par mois qui permet d'échapper à la publicité.

SiriusXM revendique 36 millions d'abonnés en Amérique du Nord et quelque 23 millions de personnes qui testent ses services chaque année. SiriusXM est souvent disponible en essai gratuit pendant quelques mois pour les acheteurs de voitures neuves.

Pandora compte 70 millions d'utilisateurs actifs tous les mois, ce qui en fait le premier service de streaming musical du pays, selon le communiqué.

SiriusXM compte s'appuyer sur les points forts des deux groupes pour développer leur présence dans l'automobile pour ce qui concerne Pandora et partout ailleurs pour les émissions de SiriusXM.

Le marché pas convaincu 

«Nous pensons qu'il y a des opportunités significatives de créer de la valeur pour les actionnaires des deux entreprises en combinant nos deux activités complémentaires», a expliqué Jim Meyer, le PDG de SiriusXM, qui souligne notamment la force de l'offre audio financée par de la publicité la plus importante des États-Unis, ainsi que le savoir-faire technique de Pandora.

La société de streaming offre ainsi la possibilité de se constituer des stations virtuelles de genres musicaux ou autour de certains artistes en affinant leur programmation en fonction des choix de l'abonné.

«Le puissant mariage entre le contenu de SiriusXM, sa place dans l'automobile et des produits premium par abonnement avec le plus grand service de streaming audio des États-Unis va donner naissance à la plus grande entreprise de divertissement audio du monde», a souligné pour sa part Roger Lynch, le PDG de Pandora.

Mais l'action SiriusXM s'est effondrée de 10,32% en séance mardi avant de se reprendre un peu lors des échanges électroniques après la fermeture. Pandora Media qui a baissé de 1,21% en séance se retrouvait aussi en hausse de 1,22% lors des échanges électroniques.

La radio par satellite est particulièrement prisée aux États-Unis, la taille du pays rendant extrêmement difficile de diffuser par voie hertzienne des programmes nationalement, sans interruption dans la diffusion et avec la qualité sonore exigée aujourd'hui par les consommateurs.

Les analystes de RBC Capital Markets partagent la vue des dirigeants des deux entreprises: la fusion permettra à Pandora et SiriusXM de renforcer leur présence respective sur les marchés de prédilection de l'autre.

«Il s'agit sans doute là pour Pandora d'une décision stratégique intelligente et la moins risquée dans un environnement marqué par l'accroissement de la compétition», notent-ils.

La transaction - approuvée par les membres indépendants du conseil d'administration de Pandora et par l'ensemble du CA de SiriusXM - devrait être close au premier trimestre de 2019 et les deux entreprises ont réitéré leurs prévisions financières pour 2018.

SiriusXM, qui détient déjà environ 15% du capital du service de streaming, prévoit un chiffre d'affaires de 5,7 milliards de dollars contre 390 à 405 millions de dollars pour Pandora.

L'accord de fusion permet toutefois à Pandora de continuer à chercher d'autres propositions de fusion ou de rachat, précise le communiqué de SiriusXM.

Apple, Spotify, Google ou encore Amazon, qui offrent tous des services de diffusion de musique, pourraient logiquement présenter une contre-offre mais les analystes de RBC Capital Markets estiment qu'il est peu probable qu'une de ces compagnies ne s'engage pour le moment».