TVA Sports est toujours lourdement déficitaire : la chaîne sportive du Groupe TVA a perdu 21,3 millions de dollars en 2016-2017, alors que la chaîne rivale RDS (Bell Média) a généré des profits de 24,5 millions, selon les chiffres du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). Plus inquiétant encore pour les finances de TVA Sports : la chaîne perd des abonnés depuis deux ans et a subi un deuxième revers en arbitrage devant le CRTC au sujet de ses redevances. Bilan financier du petit écran.

Encore dans le rouge

À sa sixième année en ondes, TVA Sports, qui est diffuseur officiel de la Ligue nationale de hockey, continue d'être dans le rouge : 21,3 millions en pertes nettes avant impôts en 2016-2017, la saison où le Canadien de Montréal a été éliminé au premier tour des séries par les Rangers de New York (TVA Sports diffuse les séries). Les pertes sont moins importantes qu'au cours des deux années précédentes (-39,2 millions en 2014-2015 et -33,2 millions en 2015-2016). TVA Sports, qui a perdu 152,7 millions en six ans d'existence, revient essentiellement à son niveau de pertes d'avant son statut de diffuseur officiel de la Ligue nationale de hockey, qui lui coûte environ 60 millions par an en droits de télé. Le CRTC n'a pas encore les données financières de TVA Sports pour la dernière saison (2017-2018), où le CH a vu ses cotes d'écoute diminuer d'environ 13 % à la télé.

Moins d'abonnés

Une chaîne de télé spécialisée a deux sources de revenus : la publicité et les redevances sur les abonnements. Or, depuis deux ans, TVA Sports a vu le nombre de ses abonnés diminuer de 9 %, passant de 2,0 millions en 2015-2016 à 1,8 million en 2016-2017, selon les chiffres du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes. Côté redevances, TVA Sports a subi un deuxième revers en arbitrage (contre le distributeur télé Bell) en janvier dernier. TVA Sports estime avoir droit à un niveau de redevances supérieur à ce que Bell offrait. TVA a porté la décision du CRTC en appel devant les tribunaux fédéraux. Québecor et le Groupe TVA n'ont pas rappelé La Presse hier afin de commenter les finances de TVA Sports.

Profits de 24,5 millions chez RDS

La chaîne sportive RDS, qui diffuse une soixantaine de matchs du Canadien de Montréal en saison, a généré des profits (bénéfice net avant impôts) de 24,5 millions en 2016-2017, en baisse de 11 % par rapport à l'année précédente (27,5 millions). Quand RDS était le seul diffuseur des matchs du Canadien, la chaîne sportive de Bell faisait des profits d'environ 45 millions par an. Depuis deux ans, RDS a vu le nombre de ses abonnés diminuer de 12 %, passant de 3,15 millions en 2014-2015 à 2,77 millions en 2016-2017. RDS a aussi réduit ses dépenses à l'interne, passant de 236 employés en 2014-2015 à 152 employés en 2016-2017. En 2012-2013, RDS comptait 404 employés avec une masse salariale de 31,5 millions. En 2016-2017, sa masse salariale était de 11,1 millions. Bell Média n'a pas commenté hier les finances de RDS.

Profits en déclin pour la télé spécialisée

La télé spécialisée francophone est toujours rentable, mais sa rentabilité décline rapidement avec la concurrence des nouveaux médias comme Netflix et la diminution du nombre d'abonnés. Les bénéfices nets avant impôts des chaînes spécialisées francophones ont été divisés par trois depuis cinq ans, passant de 165,8 millions en 2012-2013 à 55,2 millions en 2016-2017. RDS est la chaîne spécialisée francophone la plus rentable, devant Canal D (Bell, 14,4 millions), Canal Vie (Bell, 10,5 millions), Super Écran (Bell, 8,2 millions) et LCN (TVA, 7,4 millions). La chaîne d'information ICI RDI a perdu 5,8 millions en 2016-2017.

Pertes pour la télé généraliste

Depuis quatre ans, les chaînes généralistes privées au Québec perdent de l'argent. En 2016-2017, les 24 chaînes généralistes privées (par exemple, TVA, V, Global ou CTV) ont généré des pertes avant intérêts et impôts de 11,5 millions sur des revenus de 350,3 millions de dollars. Les pertes nettes avant impôts ont été de 60,3 millions, ce qui donne une marge de perte avant impôts de 17,2 %.

La radio s'en tire mieux

Par contre, la radio s'en tire beaucoup mieux, réunissant à stabiliser ses revenus depuis quelques années. En 2016-2017, les 23 stations de radio de la région de Montréal ont généré des profits nets avant impôts de 35,4 millions sur des revenus de 160,6 millions, soit une marge de profit nette de 22,0 %. Depuis cinq ans, les stations de radio de Montréal ont essentiellement réussi à maintenir leurs revenus à environ 160 millions par an.

Photo Bernard Brault, Archives La Presse

TVA Sports a perdu 152,7 millions en six ans d'existence.

Photo Bernard Brault, Archives La Presse

Depuis deux ans, TVA Sports a vu le nombre de ses abonnés diminuer de 9 %, selon le CRTC.