Doit-on interdire le Publisac pour des motifs environnementaux ? Alors que la Ville de Montréal réfléchit à cette possibilité, son propriétaire TC Transcontinental estime que le Publisac est un « produit responsable » et recyclable.

TC Transcontinental souhaite continuer de distribuer le Publisac à 3,5 millions de foyers au Québec, dont 800 000 foyers sur l'île de Montréal. Selon TC, 87 % des gens consultent le Publisac chaque semaine. « Nous serons autour de la table pour avoir la discussion avec la Ville [sur l'avenir du Publisac]. Les citoyens ont définitivement leur mot à dire sur la question, et selon nos informations, ils vont s'exprimer en grande majorité pour avoir le Publisac », dit Katherine Chartrand, directrice principale des communications de TC Transcontinental.

Selon TC, outre sa popularité, le Publisac est un « produit responsable » puisqu'il est recyclable (il faut séparer le sac de plastique des papiers), est composé à 96 % de fibres recyclées(1) et encourage l'achat chez les commerçants locaux. De plus, TC rappelle qu'il est possible de ne pas recevoir le Publisac en affichant un pictogramme à cet effet. « On respecte le libre choix de ceux qui ne veulent pas le recevoir », dit Mme Chartrand. Au Québec, environ 5 % des foyers admissibles choisissent de ne pas recevoir le Publisac, soit environ 175 000 foyers. À Montréal, près de 40 000 foyers se seraient exclus de la distribution.

En désaccord

Ce n'est pas l'avis de groupes environnementaux comme Équiterre et la Fondation David Suzuki, qui appuient la pétition lancée par un citoyen montréalais, Charles Montpetit. Ce dernier a estimé en entrevue à TVA que l'empreinte environnementale du Publisac est de 500 tonnes de déchets par semaine à Montréal. La pétition demande que la distribution du Publisac ne soit plus automatique : le Publisac serait plutôt distribué uniquement aux gens qui en font la demande. L'administration Plante a promis d'étudier la question.

« Tout ce qui peut être retiré des bacs de recyclage est une bonne chose, dit Ryan Worms, directeur des communications d'Équiterre. Il y a 900 000 Publisacs distribués chaque semaine et il est clair que de plus en plus de citoyens ne veulent plus en recevoir, mais que leur souhait n'est pas respecté. »

Les épiciers, qui sont parmi les principaux annonceurs du Publisac, souhaitent son maintien, notamment pour rejoindre une clientèle qui ne va pas voir la publicité sur le web. « Malheureusement, le Publisac répond aux besoins de beaucoup de nos clients encore aujourd'hui. Ça demeure un médium efficace. On n'imprimerait pas des documents pour le plaisir. Si ça ne servait à rien et que 100 % de nos clients allaient voir nos produits [sur le web], on ferait autre chose », dit Pierre-Alexandre Blouin, PDG de l'Association des détaillants en alimentation du Québec, qui regroupe 2000 épiciers.

Le Publisac contient aussi la plupart du temps un hebdo local. « Comme média local, nous faisons un travail que les autres médias ne font pas », dit Andrew Mulé, vice-président de Métro Média, qui possède une vingtaine d'hebdos locaux distribués dans le Publisac. « J'ai à coeur l'aspect environnemental, mais ce n'est pas du gaspillage si les gens utilisent le Publisac. »

(1) « Fait soit de fibres recyclées ou d'une combinaison de fibres recyclées et de fibres certifiées par un système de certification reconnu en matière de gestion forestière durable », selon TC Transcontinental.