Un groupe de producteurs de marijuana autorisés fait appel à l'organisme Normes canadiennes de la publicité (NCP) pour formuler des directives quant au marketing de la drogue à l'approche de sa légalisation, prévue l'an prochain.

L'industrie du cannabis fait du lobbyisme auprès du gouvernement fédéral pour obtenir le droit d'élaborer une stratégie de marque. Elle fait valoir que si l'on interdit sa promotion dans les magasins ou sur les emballages, la marijuana produite par des entreprises autorisées ne pourra pas faire concurrence à celle issue du marché noir.

L'an dernier, un groupe de travail fédéral a déposé un rapport recommandant un emballage «simple» des produits de cannabis. Il ne pourrait comprendre qu'une quantité limitée d'informations, dont le prix et les noms de l'entreprise et de la souche. Les restrictions sur la publicité du cannabis devraient être similaires à celles du tabac, a-t-on conclu.

Le monde de la santé estime qu'un encadrement strict sera nécessaire pour que les consommateurs prennent conscience des risques associés à cette substance. On argue que permettre aux entreprises de faire la promotion de ces produits pourrait entraîner leur popularisation, à l'instar de l'alcool et du tabac par le passé.

Le directeur des affaires gouvernementales de Privateer Holdings, Cameron Bishop, objecte que ce n'est pas l'intention des producteurs.

«Nous ne voulons pas être tape-à-l'oeil. Nous ne parlons pas de panneaux publicitaires géants ou de quoi que ce soit comme ça», martèle-t-il.

M. Bishop dit espérer que les directives formulées en collaboration avec NCP pourront servir de référence pour les consultations gouvernementales.

«Nous devons pouvoir nous différencier des trafiquants individuels dont la marque est valorisée à fond et qui ne se soumettront pas aux règles fédérales», a-t-il lancé.

Parmi les 16 entreprises impliquées figurent des grands joueurs comme Aphria Inc., Aurora Cannabis Inc., Canopy Growth Corp. et Tilray, dont Privateer Holdings est propriétaire.

Un vice-président d'Aurora Cannabis, Cam Battley, avance que la réglementation des publicités de bière, de vin et de liqueur est déjà exhaustive et pourrait être appliquée à la marijuana.

Le premier ministre Justin Trudeau a pour objectif de légaliser la consommation récréative de cannabis d'ici le mois de juillet 2018, mais certains de ses homologues provinciaux jugent cette cible trop ambitieuse.

Cette semaine, au Conseil de la fédération, quelques premiers ministres ont demandé à Ottawa de préciser ses intentions sur les plans de la sécurité routière, de la taxation et de la distribution, entre autres.