Toujours à l'affût d'idées pour augmenter ses revenus, Loto-Québec teste actuellement un outil qui lui permet de connaître les habitudes de navigation des internautes qui fréquentent son site web de loteries afin de leur adresser des publicités personnalisées.

La société d'État se joint à une liste toujours plus imposante d'annonceurs qui adoptent la technique publicitaire par champs d'intérêt, laquelle permet de communiquer de façon plus efficace avec leur clientèle sur le web.

Quand un client entre sur le site de loteries, son comportement de navigation est compilé, de façon anonyme - le témoin publicitaire est associé à l'ordinateur et ne recueille pas d'information permettant d'identifier l'utilisateur - afin de dégager un profil de consommation. « À la lumière de son profil pourront ensuite lui être proposés des produits selon ses intérêts lorsqu'il visitera un site externe », explique dans un courriel Patrice Lavoie, porte-parole de Loto-Québec.

M. Lavoie précise que les clients assidus en seront exclus, de façon à promouvoir le jeu responsable et à éviter de cibler des joueurs à risque. Ensuite, il réitère qu'aucune information permettant d'identifier le client ne sera captée par l'outil technologique qui compile les données. Finalement, il sera possible pour l'internaute de désactiver le témoin pour éviter ainsi de devenir l'objet d'un ciblage publicitaire.

« L'objectif, si le test s'avère concluant, est d'utiliser cette technique afin d'optimiser nos placements publicitaires et de cibler les clients qui s'intéressent déjà à nos produits », dit M. Lavoie.

La décision d'aller de l'avant avec cet outil sera prise dans les prochaines semaines. Le ciblage par champs d'intérêt pourrait alors s'appliquer à Espacejeux.com, le site de jeux en ligne de Loto-Québec. Espacejeux.com ne fait partie des test actuellement, seulement le site web loteries. 

Une technologie française

C'est l'entreprise française Eulerian Technologies qui fournit les outils technologiques à Loto-Québec. Cette PME compte parmi ses clients la société PMU, troisième entreprise de pari mutuel dans le monde qui se spécialise dans les paris sur les courses de chevaux. La Presse Affaires a parlé à Emmanuel Brunet, directeur général d'Eulerian, la semaine dernière.

« On fournit à des annonceurs des logiciels qui leur permettent de mesurer les performances de leur campagne publicitaire et de les optimiser en améliorant le ciblage des messages », dit M. Brunet, 42 ans et l'un des anges financiers français les plus actifs, selon un palmarès du magazine Challenges en 2015. M. Brunet a d'ailleurs été l'ange financier de départ d'Eulerian.

La société, qui se présente comme le leader français de l'analyse et de l'optimisation en temps réel des opérations de marketing électronique, a développé ses propres outils technologiques. En fait, elle vend aux annonceurs la permission d'utiliser ses outils. Dans le cas de Loto-Québec, c'est une facture d'environ 30 000 $ par an.

L'introduction chez Loto-Québec s'est faite avec le concours de son agence publicitaire, le Groupe Cossette.

« Les plateformes d'Eulerian répondaient aux aspects technologiques que je recherchais pour mes clients, dit Alexandre Héneault, directeur général de Magnet Intell, une unité appartenant au Groupe Cossette. De plus, l'entreprise offre une présence locale, ce qui est rare dans notre industrie. Ensuite, ses systèmes fonctionnent de façon complètement autonome, sans devoir être rattachés à une suite technologique en particulier, comme c'est le cas chez certains de ses compétiteurs. L'ensemble de tous ces attributs, combinés à sa flexibilité, m'a amené à les considérer et à les déployer chez certains de nos clients. »

Le marché canadien est attrayant pour Eulerian, car l'appétit des annonceurs pour le ciblage par intérêts est grand tandis que la liste de solutions proposées paraît mince, selon son évaluation. M. Brunet nourrit d'ailleurs de grandes ambitions pour le Canada. Il vise des revenus de 2 millions d'ici 3 ans et l'emploi de 10 à 15 ressources au pays. Il entend ouvrir un bureau à New York l'an prochain. « On voudrait créer à Montréal un centre de ressources pour l'Amérique du Nord », dit-il. Selon ce scénario, le centre regrouperait les gestionnaires des clients et les équipes techniques pour servir le continent.

Créée en 2002, Eulerian croît de 30 % par année depuis 5 ans, soutient la société. Elle emploie une quarantaine de personnes dans ses bureaux en France, en Espagne et au Canada. Son chiffre d'affaires s'élève à environ 8 millions CAN. Ouvert en 2015, le bureau montréalais, situé à l'angle des rues du Parc et Sherbrooke, compte trois ressources et est dirigé par Akim Bellour.