Sur le plan de l'image, l'entretien de Lance Armstrong avec Oprah Winfrey a-t-il remis en piste le cycliste ou a-t-il confirmé son statut d'athlète déchu? Analyse de quatre experts dans le milieu des communications.        

Une pub positive, cette longue entrevue de Lance Armstrong jeudi et vendredi avec Oprah Winfrey? «Il est en train de monnayer sa déchéance, estime Hugo Léger, associé et vice-président, création, de DentsuBos. C'était un tricheur à nos yeux. Là, il le prouve. On est dans la mise en scène du pardon. Oprah ne pourra pas le réhabiliter.»

«Cette entrevue a mis en lumière à quel point Lance Armstrong était très imbu et avait très peu souci des conséquences, ajoute Martine St-Victor, fondatrice de Groupe Milagro Atelier de relations publiques. C'est une très bonne entrevue à l'avantage d'Oprah, mais pas de Lance. Personne ne le prend en pitié. C'est plutôt le début de sa campagne politique.»

Que devrait-il faire pour redorer son image? «Lance Armstrong devait trouver une telle plateforme, dit Martine St-Victor. Mais là, il doit arrêter de parler. Il devra revenir avec un nouveau message. La prochaine fois, ce sera lors de sa réincarnation en tant que politicien au Texas.»

«Être son conseiller en communications, je lui dirais de se faire oublier, poursuit Pierre Tessier, associé principal de Communications Infrarouge. Stratégiquement, c'est très intelligent d'avoir choisi Oprah Winfrey, car il s'est retrouvé dans un environnement contrôlé avec une dame reconnue pour mener de bonnes entrevues. Il aurait pu faire une vidéoconférence, mais ça n'aurait pas été efficace. Là, il répondait aux questions.»

Livestrong

La fondation Livestrong du cycliste, pour les gens atteints du cancer, n'est pas davantage réhabilitée. «Mon instinct me dit que la fondation va changer de nom», dit Frédéric Metz, auteur du livre Design?

«Lance Armstrong doit s'éloigner complètement de celle-ci, croit Pierre Tessier. Mais ce n'est pas une cause perdue. Pourrait-il se positionner comme quelqu'un de propre désormais? Pas avant quelques années.»

Tout ce qui porte le nom d'Armstrong est entaché à vie, selon Martine St-Victor. «Mais ceux qui ont bénéficié de la fondation s'en foutent, car les performances de Lance au Tour de France n'ont rien à voir avec son cancer. Sa maladie n'est pas de la fabrication», dit-elle.

Fini la pub

Par ailleurs, on n'est pas prêt de le voir dans des publicités, selon Hugo Léger. «La pub s'intéresse à la perfection, aux gens qui réussissent, souligne-t-il. C'est très difficile de publiciser le mensonge. On entre plus dans les relations publiques, là où Lance a toujours été extrêmement bon. La meilleure pub est donc de ne rien faire.»

«Je n'achèterais rien de lui, dit Frédéric Metz. Mais les gens ont la mémoire tellement courte! Les plus grands criminels réussissent à faire des livres et des films sur leur vie. Il y a des scénarios qui sont en train de se faire sur celle de Lance. C'est comme si toute son histoire était un immense scénario. C'est complètement féérique!»