Jeudi, rapidement après l'annonce des films nommés aux Oscars, le Cinéma du Parc annonçait que plusieurs courts et longs métrages seraient présentés ou représentés sur ses trois écrans.

Parmi ceux-ci, les films québécois Rebelle du réalisateur Kim Nguyen et Henry de Yan England, nommés respectivement dans les catégories Meilleur film en langue étrangère et Meilleur court métrage de fiction.

«Les Oscars, c'est une grande période pour nous, dit Roland Smith, propriétaire et programmeur du Cinéma du Parc, à Montréal. Et pour les gens qui vont occasionnellement au cinéma, les nominations confirment à leurs yeux l'importance d'un film.»

Cet exploitant, qui engrange des revenus de 1 million de dollars par année, peut voir son assistance doubler en janvier et février grâce aux films nommés. «L'an dernier, on trouvait 125 personnes dans nos salles de 250 places, affirme Roland Smith. C'est beaucoup!»

Rebelle, qui s'attarde à la dure réalité d'une enfant-soldat et qui a accumulé 143 068$ d'avril à novembre 2012 au box-office, attirera-t-il des foules, comme Monsieur Lazhar du réalisateur Philippe Falardeau l'an dernier et Incendies de Denis Villeneuve en 2011?

«Rebelle est déjà sorti en DVD, donc ce n'est pas un plus pour les exploitants», répond Roland Smith. «Le film a déjà eu une deuxième carrière, en septembre dernier, et ça n'a pas eu de succès», ajoute Mario Fortin, PDG du Cinéma Beaubien.

N'empêche, M. Fortin était hier en discussion avec le distributeur Metropole Films pour le remettre à l'affiche. Car ce dernier pourrait relancer une ou deux copies en circulation.

«J'ai un intérêt, confirme Mario Fortin. Mettre un film à l'affiche est toujours un coup de dés. On court des risques. L'an dernier, Monsieur Lazhar était encore en salle quand sa nomination aux Oscars a été annoncée. Cette fois, le risque est plus grand. Je ne mettrais pas Rebelle dans ma plus grande salle de 227 places.»

«Normalement, une fois qu'un film est déjà sorti en DVD (le 16 octobre dernier), on ne le remet pas à l'affiche, dit Vincent Guzzo, vice-président directeur et chef de l'exploitation des Cinémas Guzzo. Il n'y aura pas foule pour Rebelle, mais on le remettrait en salle.»

Assurément, d'autres nominations, telles Les Misérables et Django Unchained, déjà à l'affiche, auront un effet significatif sur les recettes en salle.

«Cette année, l'effet Oscars sera plus fort pour nous, car la plupart des films nommés sont encore en salle, souligne Vincent Guzzo. Les Misérables va sûrement doubler ses recettes, notamment parce que le studio de production va relancer une campagne promotionnelle de 4 ou 5 millions de dollars en Amérique du Nord. Un film comme Life of Pi, qui était presque arrivé à la fin de sa vie en salle, va finalement rester à l'affiche jusqu'à la cérémonie des Oscars. On va essayer de le mettre à l'affiche dans une salle par complexe.»

«Un film comme Amour de Michael Haneke, qui a récolté cinq nominations, peut nous assurer des salles pleines, dit aussi Caroline Masse, directrice artistique du Cinéma Excentris. Cinq nominations aux Oscars, c'est rare pour un film étranger!»