Avec le déclenchement des élections provinciales arrivent les slogans et campagnes publicitaires, visibles depuis mercredi sur les affiches publicitaires, caravanes électorales ou sites internet des partis politiques.

Au centre-ville de Montréal, le Parti québécois est le premier à avoir multiplié la pose de panneaux. «Pauline Marois part avec cinq points d'avance», estime Philippe Comeau, directeur de création de l'agence lg2 à qui La Presse Affaires a demandé d'analyser les campagnes (auxquelles il n'a aucunement contribué).

«Elle donne l'image qu'elle est prête. C'est habile, car elle ne se met pas en position d'ajustement. C'est comme si elle est au pouvoir.»

Un bémol, par contre, quant au panneau: «Les variations de grosseur dans la typographie du slogan créent des arrêts de lecture, dit-il. C'est agaçant. «À nous de choisir» n'arrive pas comme une phrase.»

Que pensez justement des slogans? Dès le dévoilement de «Pour le Québec», mardi, celui du Parti libéral a été décliné de toutes les façons sur les réseaux sociaux. Pour le Québec... inc., Pour le Québec... libre, Pour le Québec... votez PQ! Pour ne citer que les plus publiables!

«Il ne manque effectivement que les trois points de suspension dans ce slogan, note Frédéric Gonzalo, stratège en marketing, communications et médias sociaux. C'est correct comme slogan, mais sans saveur. Ça aurait pu être «Pour les Québécois». Il n'ira pas toucher de cordes sensibles.»

«C'est le summum du générique, ajoute Philippe Comeau. Personne ne pense que Jean Charest est pour la Hongrie! On ne mord dans rien. Il n'y a aucune proposition... mais c'est bon, car c'est déclinable à l'infini.»

Avec «À nous de choisir», le Parti québécois s'inscrit plus dans l'action. «C'est rassembleur, estime Philippe Comeau. C'est ce que Pauline Marois doit faire, alors qu'il y a eu des divisions dans son parti. Le mot «nous», marque de commerce de Mme Marois, donne du pouvoir au peuple.»

«Mais il manque un peu de oumpf! estime Frédéric Gonzalo. Cela dit, l'aspect inclusif du nous amène à faire un choix tout en étant implicite sur la question de la souveraineté.»

Comparé à celui de la CAQ, il est plus subtil. «C'est assez, faut que ça change» colle à l'image vindicative de François Legault, note Frédéric Gonzalo. «Mais c'est habile, car il y a une écoeurantite dans la population. Il amène la notion de changement, comme le Change d'Obama en 2008.»

«Il y a des concepteurs publicitaires en vacances! lance plutôt Philippe Comeau. C'est rédigé dans un style juvénile. Et il y a une redondance dans le slogan. La CAQ se situe en agent de changement, mais malheureusement, ce slogan dénonce sans rassembler. On exclut certaines personnes avec cette formulation pas élégante.»

Québec solidaire en un mot

Enfin, le parti à deux têtes Québec solidaire surprend avec son slogan: «Debout». «Au moins, on ne dira pas que le parti n'a pas l'esprit de synthèse, dit Philippe Comeau.

Un seul mot, fallait le faire! Quand on dit moins de choses, on peut le dire avec davantage de force. Ce slogan fait écho à la corruption, la loi spéciale (78), au Plan Nord... Et même à nos racines folkloriques: peuple à genoux, attend ta délivrance!

«Debout», c'est une posture mentale qui ne peut que mériter l'approbation, surtout à la lumière des défis auxquels fait face le Québec. On sent aussi du mordant, ce qui colle à la personnalité d'Amir Khadir. On dénonce sans être négatif.

Le parti a résisté à mettre un point d'exclamation qui aurait réduit la crédibilité de l'affirmation en lui donnant une saveur trop commerciale.

Finalement, il s'agit de l'exécution graphique la plus efficace: une seule couleur prédominante, un orange tonique. Et une typographie sans faille, ce qui est rare en politique!»