La Réserve fédérale américaine (Fed) met fin cette semaine à sa troisième ronde de détente quantitative (DQ3) lancée il y a deux ans, parce qu'elle perçoit une nette amélioration de la santé du marché du travail. La DQ3 aura gonflé le bilan de la Fed de quelque 1600 milliards US.

Son Comité de politique monétaire s'engage toutefois à garder le taux directeur dans la fourchette de 0 à 0,25% pendant un temps considérable, «surtout si la projection d'inflation continue d'évoluer sous la cible à long terme de 2%». Ce taux est en place depuis décembre 2008.

Tout début d'un resserrement monétaire sera tributaire des indicateurs économiques. «S'[ils] reflètent un progrès plus rapide vers les objectifs du Comité en matière d'emploi et d'inflation que ses projections, alors les hausses du taux directeur seront sans doute plus rapides. À l'inverse, si le progrès est plus lent, alors les hausses viendront plus tard que ce que le Comité prévoit maintenant.»

Bref, la Fed n'est plus proactive. On aura une meilleure mesure de sa neutralité à sa réunion de la mi-décembre quand seront rajustés son scénario économique et ses projections de l'évolution du taux directeur.

Lorsqu'elle amorcera son resserrement monétaire, le premier depuis 2006, sans doute au printemps, elle le fera avec la plus grande précaution. Le communiqué précise d'ailleurs que «même après que l'emploi et l'inflation se seront rapprochés des niveaux correspondant à son mandat, les conditions économiques pourraient durant un certain temps nécessiter de garder le taux directeur sous le niveau que le Comité juge normal à long terme».

Le ton général du communiqué publié hier est d'ailleurs marqué d'un optimisme en rupture avec la très grande prudence observée jusque-là. Ainsi, «les conditions du marché du travail se sont améliorées quelque peu, grâce à des gains solides d'emploi et un taux de chômage plus faible, y lit-on. Au final, une série d'indicateurs du marché du travail suggère que la sous-utilisation du bassin de main-d'oeuvre diminue progressivement».

Plus encore, «il y a amélioration substantielle des perspectives du marché du travail depuis le lancement du présent programme d'achats d'actifs». Et surtout, «le Comité observe toujours une force sous-jacente suffisante dans l'économie pour soutenir les progrès vers la maximisation de l'emploi dans un contexte de stabilité des prix».

Disparue en plus du communiqué, la référence répétée aux politiques fiscales qui entravent la croissance. Absente enfin, toute allusion à la détérioration du contexte international.

La Fed reconnaît que le rythme d'inflation est plus faible que sa projection, ce qu'elle attribue notamment aux baisses des prix de l'énergie. Elle juge même que la probabilité que l'inflation demeure longtemps sous la cible de 2% diminue un peu depuis le début de l'année.

Un membre du Comité ne partage pas cette lecture. Narayana Kocherlakota, de la Réserve de Minneapolis, a exprimé sa dissidence. Il souhaite que le taux directeur ne bouge pas tant que la perspective à moyen terme d'inflation ne sera pas de 2%. Il prône aussi le maintien de la DQ3 à son rythme actuel d'achat de 15 milliards US par mois.

En se reposant désormais sur des outils plus classiques pour la conduite de sa politique monétaire, la Fed n'en reste pas moins des plus accommodantes. Outre son taux directeur à quasi zéro, elle va continuer de réinvestir le principal et les intérêts des titres qu'elle détient qui arrivent à échéance. Aucune indication n'a été fournie quant à la fin éventuelle de cette pratique.