Les taux d'emprunt des pays du sud de l'Europe se sont détendus mardi après plusieurs jours de forte tension, les investisseurs choisissant de mettre entre parenthèses leurs craintes vis-à-vis de la crise turque.

«Il y a un petit retour de l'appétit pour le risque, mais rien n'est terminé. C'est probablement plus un répit qu'une sortie de crise pour le moment», estime auprès de l'AFP Antoine Lesné, responsable stratégie et recherche chez SPDR ETF (filiale de State Street Global Advisors).

La crise diplomatique entre Washington et Ankara, qui s'est transformée en crise de la devise turque, a pénalisé ces derniers jours les actifs risqués, dont les dettes des pays jugés les moins solides de la zone euro.

Mais les investisseurs se sont repositionnés sur ces actifs ce mardi, semblant relativiser les effets du conflit entre les États-Unis et la Turquie.

«Il n'y a pas de risque systémique majeur. Cela peut avoir un impact sur l'Europe, mais pas de manière brutale», analyse ainsi Antoine Lesné.

Lundi, pour tenter de rassurer les marchés, la banque centrale de Turquie a annoncé qu'elle fournirait toutes les liquidités dont les banques auraient besoin et prendrait les «mesures nécessaires» pour assurer la stabilité financière.

Toutefois, «la situation n'est pas réglée tant qu'il n'y aura pas de résolution politique», nuance M. Lesné.

«Nerveux»

Mardi, le président turc Recep Tayyip Erdogan a d'ailleurs annoncé que la Turquie boycotterait les appareils électroniques américains, lançant un nouvel assaut contre les États-Unis.

Dans ces conditions, et dans un marché peu liquide en raison de la période estivale, «nous voyons des investisseurs nerveux qui se défont de certaines expositions aux dettes émergentes», ajoute M. Lesné.

Le taux d'emprunt allemand, bien qu'ayant enregistré une petite tension ce mardi, demeurait bas, signe que les investisseurs continuaient d'être prudents.

Par ailleurs, de nombreuses statistiques étaient à l'agenda, dont la croissance économique en zone euro, qui est restée en berne au deuxième trimestre avec une petite progression du Produit intérieur brut de 0,4 %.

En Allemagne, la croissance a accéléré plus qu'attendu au deuxième trimestre, avec une progression de 0,5 % du PIB.

Le taux d'inflation allemand s'est élevé à 2,0 % en juillet sur un an, soit un léger ralentissement, tandis qu'il a atteint 2,3 % pour la même période en France, ce qui représente une légère accélération.

À 18 h (midi, heure de l'Est), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne s'est légèrement tendu à 0,327 % contre 0,311 % lundi, à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise.

Celui de la France est resté stable, s'établissant à 0,682 % contre 0,681 %.

Le taux d'emprunt à dix ans de l'Italie s'est quant à lui fortement détendu à 3,030 % contre 3,102 %. Celui de l'Espagne a suivi la même tendance, bien que moins marquée, à 1,414 % contre 1,454 %, tout comme celui du Portugal à 1,817 % contre 1,846 %.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique à dix ans s'est un peu tendu, à 1,263 % contre 1,252 %.

À la clôture des marchés européens, le taux d'emprunt à dix ans des États-Unis montait légèrement à 2,887 % contre 2,878 % lundi, à l'instar de celui à 30 ans à 3,053 % contre 3,047 %. Celui à deux ans s'établissait pour sa part à 2,627 % contre 2,612 %.