La Banque d'Angleterre (BoE) a maintenu son taux d'intérêt à 0,5%, mais a maintenu sa confiance dans les perspectives économiques du Royaume-Uni, laissant entrevoir un prochain resserrement monétaire..

L'institution a dévoilé jeudi les conclusions de sa réunion de politique monétaire, optant pour le statu quo à une majorité de 6 voix contre 3 alors que lors de la précédente réunion en mai le maintien des taux avait été décidé à 7 contre 2.

Cette décision n'a pas surpris les économistes compte tenu du manque d'éléments validant un rebond de l'activité économique après un net coup de frein au dernier trimestre.

Dans son communiqué, l'institution rappelle qu'elle considère «le fléchissement» de la croissance au premier trimestre comme «temporaire» et indique que la situation devrait s'améliorer au deuxième.

«Bien que la production manufacturière a enregistré un déclin en avril, et que cela a été accompagné par une chute des exportations de biens, les enquêtes sur le climat des affaires sont restées stables et, dans l'ensemble, indiquent une croissance au second trimestre conforme aux prévisions du comité en mai», ont défendu ses membres.

Cette réunion a montré que l'écart se resserrait au sein de l'institution entre les partisans d'une hausse des taux et ceux en faveur du maintien, suggérant que la BoE se rapproche sérieusement d'un tour de vis.

Selon Neil Wilson, analyste pour Markets.com, «la fermeté inattendue de ce vote indique que les taux augmenteront vraisemblablement cet été plutôt qu'à la fin de l'année», faisant bondir la livre, après qu'elle a touché dans la matinée un plus bas depuis novembre face au dollar.

Vers 14H00 GMT, elle valait 1,3247 dollar contre 1,3102 dollar cinq heures plus tôt et 1,3172 la veille à 21H00 GMT.

Au contraire, Christian Keller, économiste chez Barclays, doute d'un relèvement cette année: «nous continuer de penser que les données à venir seront probablement moins bonnes que ce que les faucons imaginent». «Faucon» est un terme employé pour qualifier les partisans d'une politique monétaire restrictive.

La Banque d'Angleterre a en outre indiqué s'attendre à une accélération de l'inflation à court terme «légèrement plus importante que prévu» jusque-là, du fait de la hausse des prix du pétrole et de la faiblesse de la livre.

La hausse des prix à la consommation s'est maintenue à 2,4% en mai sur un an au Royaume-Uni, principalement du fait du bond des prix de l'essence.

«Les données économiques depuis la réunion de mai ont été assez mitigées, mais le message clé aujourd'hui (jeudi) de la Banque d'Angleterre est que les choses suivent leur cours», a résumé James Smith, économiste chez ING.

Critiquée en mai

Lors de la précédente réunion en mai, la BoE avait revu ses prévisions de croissance et d'inflation à la baisse pour 2018 et 2019, à cause d'un ralentissement de la croissance à +0,1% au premier trimestre (contre 0,5% au dernier trimestre 2017), le pire résultat pour le Royaume-Uni en cinq ans.

La Banque d'Angleterre avait néanmoins martelé sa confiance en l'avenir, attribuant ce chiffre aux mauvaises conditions météorologiques du début de l'année, ce qui ne l'avait pas empêché d'être sous le feu des critiques.

En effet, en février, puis en mars, le MPC avait laissé entrevoir une hausse des taux dès mai, avant de subitement faire marche arrière à la suite des mauvais chiffres.

Après cette réunion, Mark Carney, dont le mandat comme gouverneur de la Banque d'Angleterre s'achèvera dans un an, avait dû défendre sa communication devant une commission parlementaire.

Au-delà de son taux d'intérêt, le MPC a également maintenu ses programmes de rachats d'actifs, tout en annonçant une évolution de ses prévisions.

Alors que le comité avait auparavant annoncé ne pas prévoir de réduction de ces programmes avant que le taux d'intérêt ne soit relevé à 2%, il fixe dorénavant la limite à 1,5%.