L'ancien directeur général de la Anglo Irish Bank, David Drumm, a été condamné mercredi à six ans de prison à Dublin pour avoir maquillé les comptes de la banque pendant la crise financière de 2008.

Il s'agit de l'une des rares condamnations à de la prison ferme pour un dirigeant d'une grande banque pour des agissements lors de la crise des « subprimes ».

M. Drumm, 51 ans, a été reconnu coupable de fraude et de falsification comptable le 6 juin au terme d'un procès-fleuve de 86 jours et attendait depuis de connaître sa peine.

La juge Karen O'Connor a expliqué que le tribunal n'avait pas sévi au titre de « la crise financière ou de l'effondrement économique, mais pour les deux principaux chefs d'accusation pour lesquels il a été condamné ».

« Son poste devait inspirer confiance aux investisseurs, prêteurs... », et sauver la banque « n'est pas une excuse à la malhonnêteté », a rappelé la juge à la lecture du verdict, précisant qu'il n'y avait aucune preuve d'enrichissement personnel.

À l'énoncé du verdict, David Drumm était attentif, mais crispé, et est resté silencieux. Il est sorti de la salle d'audience escorté par un policier.

Dans la matinée, l'avocat de la défense, Brendan Grehan, avait affirmé que son client avait commis « une énorme erreur de jugement » et qu'il avait reconnu avoir donné l'autorisation d'effectuer les transactions, mais que son intention était de sauver la banque.

L'ex-dirigeant était accusé d'avoir artificiellement gonflé de 7,2 milliards d'euros les dépôts réels dont disposait la banque au début de la crise, en organisant des transferts massifs d'argent entre sa banque et une autre institution financière dans les deux sens, parfois pour seulement quelques heures, afin de tromper le marché.

M. Drumm avait plaidé non coupable et avait été remis en liberté provisoire en attendant le verdict. Par ailleurs, les cinq mois qu'il a passés en détention aux États-Unis en attendant son extradition vers l'Irlande seront déduits de sa peine.

L'accusation avait estimé durant les débats que le banquier s'était entendu avec deux autres cadres de la banque et l'ex-directeur général de l'assureur Irish Life & Permanent pour organiser le montage frauduleux.

Les trois hommes ont été condamnés par la justice irlandaise en juin 2016 à des peines d'emprisonnement fermes comprises entre neuf mois et trois ans et demie.

La nationalisation de la Anglo Irish Bank en 2009 par l'État irlandais, qui s'était engagé à garantir ses actifs, avait coûté 30 milliards d'euros au contribuable et avait contribué à mettre les finances du pays à genoux.

L'État irlandais avait dû lourdement s'endetter pour sauver son secteur bancaire, menacé de faillite par l'explosion d'une bulle immobilière.

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