Le gouvernement du Canada a assuré tard mercredi qu'il intensifie les efforts déployés pour prévenir le transbordement et le détournement, sur le marché nord-américain, de l'acier et de l'aluminium étrangers vendus à prix déloyal.

L'administration Trump devrait annoncer au cours des prochaines heures si elle va de l'avant avec l'imposition de droits de douane élevés sur ces produits.

Le Canada, le Mexique et l'Union européenne avaient été exemptés de ces droits de 25 pour cent sur l'acier et de 10 pour cent sur l'aluminium au moment de l'annonce en mars, mais ces exemptions prennent fin vendredi.

Dans un communiqué diffusé tard mercredi, le ministre canadien des Finances, Bill Morneau, explique que le Canada a harmonisé son régime de marquage du pays d'origine s'appliquant aux produits d'acier et d'aluminium avec celui de son plus proche partenaire commercial, les États-Unis.

Ces modifications réglementaires, a dit le ministre, élargissent l'éventail des produits d'acier et d'aluminium dont le pays d'origine doit être marqué et rajustent les critères servant à déterminer le pays d'origine des marchandises marquées.

M. Morneau a dit que cela découle d'un financement de plus de 30 millions $ sur cinq ans annoncé en avril. Les fonds serviront à embaucher 40 nouveaux agents chargés d'enquêter sur les plaintes liées au commerce, dont celles concernant l'acier et l'aluminium.

Justin Trudeau a indiqué mercredi qu'il avait fait pression la veille auprès du vice-président américain pour que Washington prolonge l'exemption accordée jusqu'à vendredi aux importations canadiennes d'aluminium et d'acier. Le premier ministre a affirmé que le gouvernement canadien faisait pression sur plusieurs fronts économiques, notamment sur la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

De son côté, le président de la France Emmanuel Macron a mis les États-Unis en garde, mercredi, contre le déclenchement d'une guerre commerciale si des tarifs douaniers sont imposés à l'Europe.

«Nous sommes préoccupés par le fait que, évidemment, s'il y a des tarifs qui sont imposés sur l'acier et sur l'aluminium, on va avoir, oui, de la difficulté pour les travailleurs et pour les compagnies ici au Canada», a rappelé M. Trudeau mercredi matin à l'entrée du caucus libéral, à Ottawa. «Mais ça va aussi faire mal à des consommateurs, à des travailleurs et à des industries aux États-Unis, puis je pense que c'est une mauvaise chose.»

La ministre canadienne des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a soulevé ces questions liées à l'acier, à l'aluminium et à l'ALENA lors de sa rencontre, mardi à Washington, avec Robert Lighthizer, le représentant américain au Commerce.

«Le Canada considère qu'il est franchement absurde que nous soyons, d'une quelconque façon, considérés comme »une menace à la sécurité nationale« des États-Unis», a-t-elle déclaré à propos de l'article 232 de la loi américaine sur l'expansion commerciale.

Mme Freeland a quitté Washington les mains vides, mercredi matin, alors que M. Lighthizer et le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, se rendaient à Paris pour discuter des tarifs avec leurs homologues européens, qui sont aussi très nerveux.

Emmanuel Macron et Justin Trudeau doivent se rencontrer à Ottawa la semaine prochaine pour discuter de stratégie avant l'ouverture du sommet.