Les pays membres de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ne montrent aucun signe de la conclusion d'une entente avant la fin de la semaine, ce qui repousserait à 2019 tout vote sur un éventuel texte d'accord aux États-Unis, selon des sources internes.

Le Canada, les États-Unis et le Mexique discutent encore, mais les indices d'un dénouement reporté étaient nombreux, mercredi.

Les ministres n'avaient même pas planifié leur prochaine rencontre de haut niveau, les équipes de négociation n'étaient pas rassemblées dans un même pays, les discussions avaient lieu à longue distance par téléphone ou vidéo, et moins d'un tiers des chapitres de l'accord étaient entièrement finalisés.

Le leader du Congrès des États-Unis a indiqué qu'il n'y aurait pas de vote sur l'ALENA cette année à moins d'avoir sous les yeux un texte d'entente d'ici la fin de la semaine.

Les propos du président de la Chambre des représentants, mercredi, illustrent l'enjeu des prochains jours: soit le Canada, le Mexique et les États-Unis concluent une entente maintenant, soit le processus est repoussé à 2019.

D'ici l'an prochain, le Mexique aura un nouveau président, de hauts membres du Congrès américain auront pris leur retraite, des élections de mi-mandat auront été tenues et les prochains élus du Congrès des États-Unis pourraient avoir des priorités différentes, ajoutant de nouvelles variables au processus.

Le président de la Chambre des représentants, le républicain Paul Ryan, a répondu «oui» sans équivoque lorsqu'il s'est fait demander si les règles de procédure de la loi sur le commerce aux États-Unis font en sorte qu'il doit y avoir un texte d'entente cette semaine pour permettre la tenue d'un vote au Congrès avant la dissolution de la législature en décembre.

M. Ryan a ajouté qu'il ne s'agissait pas de son «échéancier arbitraire», mais bien simplement «du fonctionnement de la loi» concernant le processus commercial accéléré. Il a souligné qu'il avait lui-même participé à la rédaction de cette loi datant de 2015.

Ce qu'on ignore désormais est la durée possible des négociations: plusieurs semaines d'ici à l'élection présidentielle au Mexique, quelques mois avant les élections de mi-mandat aux États-Unis, ou jusqu'en 2019.

«Nous continuerons de travailler fort pour obtenir une bonne entente qui est gagnante-gagnante-gagnante pour les trois pays», a dit le gouvernement canadien par communiqué, mercredi.

À cette étape des négociations, les parties ont quasiment réglé un enjeu majeur: le secteur automobile. Toutefois, d'autres irritants, notamment en ce qui a trait aux produits laitiers, au mécanisme de règlement des différends, aux produits pharmaceutiques et aux marchés publics, demeurent en suspens.

Il y a aussi la question des tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium imposés par l'administration Trump, devant entrer en vigueur le 1er juin à moins que les États-Unis ne prolongent les exemptions. L'administration Trump avait déjà relié cette décision aux avancées dans les discussions sur l'ALENA.

Le premier ministre Justin Trudeau a dit cette semaine au président Donald Trump qu'un nouvel ALENA était à leur portée, pourvu que les États-Unis soient prêts à assouplir certaines de leurs demandes.

Un autre irritant majeur est la clause de résiliation de cinq ans proposée par les États-Unis. Il s'agit d'un article particulier qui mettrait fin à l'ALENA après cinq ans, à moins que toutes les parties conviennent de prolonger l'entente.

Plusieurs intervenants à un événement à Washington, mercredi, ont fustigé cette proposition, dont un républicain, un démocrate et deux Canadiens.

La critique du député fédéral canadien Wayne Easter a été particulièrement virulente.

«L'idée d'une clause crépusculaire de cinq ans est absolument folle. Je la qualifierais comme il se doit: c'est une idée stupide», a affirmé le député de l'Île-du-Prince-Édouard lors d'un événement près du capitole.

Prenant la parole à cet événement organisé par le Conseil des affaires canado-américaines, durant une visite à Washington d'une délégation de parlementaires canadiens, l'ancien producteur laitier a aussi déploré les demandes des États-Unis qui réclament l'abandon de la gestion de l'offre au Canada dans ce secteur.

AP

Paul Ryan