Donald Trump envisage de rejoindre le nouvel accord de libre-échange transpacifique après s'être retiré sans ménagement du traité initial le jour même de son arrivée à la Maison-Blanche l'an passé, un volte-face qui soulève des critiques.

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Le président américain «a demandé à l'ambassadeur (Robert) Lighthizer et au directeur (Larry) Kudlow de regarder s'il y avait une possibilité ou non de négocier un meilleur accord», a indiqué jeudi Lindsay Walters, l'une des porte-parole de la Maison-Blanche.

Donald Trump, qui pendant la campagne électorale avait eu des mots particulièrement durs pour le TPP, le qualifiant notamment de «désastre», a chargé un de ses conseillers économiques et son représentant américain au Commerce (USTR) d'engager de nouveau des discussions, avait annoncé plus tôt un sénateur républicain.

«La grande nouvelle, qui est sortie de cette réunion (sur le commerce) ce (jeudi) matin est que le président a demandé à Kudlow et à l'ambassadeur Lighthizer de regarder comment entrer de nouveau dans les négociations TPP», avait déclaré Ben Sasse.

Cette annonce intervient alors que les États-Unis et la Chine sont en profond désaccord sur le commerce international. Or, le TPP avait été initialement élaboré avec l'idée d'en faire un contrepoids à l'influence grandissante de Pékin dans le commerce international.

Donné pour mort l'an passé après le retrait des États-Unis, l'accord avait finalement été ranimé par les onze autres pays des deux rives du Pacifique. Et, le 8 mars, Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam avaient paraphé le texte désormais appelé Partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP pour son sigle anglais).

Dans sa forme originale, le traité TPP avait été promu par Washington sous la présidence du démocrate Barack Obama. Il avait été signé en février 2016 après des années de négociations entre 12 pays ayant un accès sur le Pacifique. Sans Pékin.

Mais avant son entrée en vigueur, Donald Trump avait annoncé le 23 janvier 2017 le retrait de son pays, mettant en péril l'ambitieux accord censé englober 40% du PIB mondial et presque 25% du commerce international.

«Pas de plan B» 

Lors du dernier Sommet de Davos en Suisse, le président américain avait commencé à tempérer sa prise de position: «Je me joindrais au (traité de libre-échange transpacifique) TPP si nous avions un bien meilleur accord que celui-ci», avait-il ainsi déclaré le 26 janvier à CNBC.

«Le président a constamment dit qu'il était ouvert à un accord substantiellement amélioré», a assuré jeudi Lindsay Walters.

Mais, depuis, les tensions commerciales avec la Chine ont redoublé d'intensité, ce qui pourrait l'avoir poussé à adoucir sa position.

Washington, qui accuse le géant asiatique de pratiques commerciales «déloyales», a imposé des taxes supplémentaires sur les importations chinoises notamment sur l'acier et l'aluminium. Pékin a de son côté répliqué en annonçant des représailles sur des produits américains dont le soja.

En outre, l'administration Trump a initié la renégociation de l'accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avec le Canada et le Mexique, deux pays qui eux ont déjà ratifié le CPTPP.

«Le TPP a été détruit parce que c'était un échec pour les travailleurs de l'Amérique et il ne doit pas être ressuscité. Il n'y a aucun moyen de le faire revivre sans trahir le peuple qui travaille», a réagi jeudi Richard Trumka, président de la principale centrale du pays, l'AFL-CIO.

«Étant donné le rôle central joué par l'opposition au TPP pendant l'élection et Trump ayant largement vendu l'idée d'un retrait de cet accord (...) cette marche arrière  (...) pourrait donner le signal que Trump (...) n'est digne d'aucune confiance», a commenté de son côté Lori Wallach de l'ONG américaine Public Citizen.

«Le partenariat transpacifique est un autre désastre et, poussé par des intérêts particuliers qui veulent le viol de notre pays, juste un viol continu de notre pays», avait ainsi déclaré Donald Trump en juin 2016.

Le futur secrétaire d'État américain Mike Pompeo a, lui, rappelé jeudi qu'il avait soutenu le TPP lorsqu'il était membre du Congrès.

«L'anti-mondialisation de Trump a été rattrapée par la réalité: personne ne veut d'accords commerciaux bilatéraux avec les États-Unis et Trump n'a pas de plan B», a enfin commenté Ashish Kumar de l'Atlantic Council, un centre de réflexion spécialisé dans les relations internationales.