Le secrétaire mexicain à l'Économie estime à 80% les probabilités que l'on annonce d'ici l'échéance du mois prochain une entente de principe pour le renouvellement de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

Dans une entrevue au réseau mexicain Televisa, Ildefonso Guajardo a toutefois soutenu lundi qu'une telle entente de principe ne sera pas conclue d'ici la fin de la semaine, pour une annonce officielle lors du sommet des Amériques, vendredi et samedi au Pérou. Certains espéraient qu'une telle entente pourrait alors être annoncée en grande pompe par les présidents Donald Trump et Enrique Peña Nieto et par le premier ministre Justin Trudeau.

Le secrétaire Guajardo a toutefois confirmé que les négociateurs des trois pays discutent sans relâche de détails techniques à Washington, après les tête-à-tête de la semaine dernière entre les trois ministres responsables du dossier.

«Nous sommes en ronde permanente», a précisé M. Guajardo lundi. Selon lui, on saura plus clairement au début du mois de mai si une entente de principe est envisageable ce printemps - sans quoi les négociations pourraient stagner jusqu'en 2019, après les élections au Mexique et aux États-Unis.

M. Guajardo prévient toutefois que dans l'environnement politique actuel, rien n'est certain. Dans une allusion à peine voilée aux déclarations intempestives du président Trump dans les médias sociaux, le ministre mexicain a souligné que les décideurs doivent parfois composer avec des avis lancés par un supérieur dans la sphère publique à 6 h du matin.

Le secrétaire à l'Économie constate par ailleurs que les Américains ont déjà démontré une certaine flexibilité dans le secteur névralgique de ces négociations: l'automobile. Il a confirmé que Washington avait renoncé à son exigence de 50% de contenu américain dans les véhicules, en échange d'un nouveau système accréditant tout fabricant de pièces qui verserait des salaires horaires de plus de 15 $. Cette mesure pourrait pénaliser le Mexique, où les salaires sont encore très loin de cette barre.

Certains Américains sont par ailleurs pressés d'en finir avec ces négociations, notamment les agriculteurs. Déjà aux prises avec une mauvaise saison et des marchés à la baisse pour les céréales, les fermiers - qui ont beaucoup voté Trump - craignent d'éventuelles représailles de partenaires des États-Unis, notamment la Chine, qui pourraient être frappés par des tarifs douaniers sur l'acier, l'aluminium et d'autres exportations.

Sur les ondes de NBC, dimanche, le sénateur républicain Mike Rounds a suggéré d'épargner le Canada et le Mexique, des «alliés avec qui les États-Unis entretiennent d'excellents rapports actuellement, en vertu de l'ALENA».