L'OCDE a revu mardi ses prévisions de croissance à la hausse pour l'ensemble du monde, tout en mettant en garde contre le protectionnisme, après les taxes sur l'acier et l'aluminium décidées par Donald Trump.

Dans son évaluation intermédiaire, l'Organisation de coopération et de développement économiques estime que l'économie mondiale devrait croître de 3,9% en 2018 et 2019.

La croissance mondiale devrait être supérieure de 0,2 point pour 2018 et de 0,3 point pour 2019 par rapport aux prévisions publiées en novembre dernier.

«Nous pensons que l'économie mondiale sort enfin de la crise financière», dix ans après, a déclaré le chef économiste de l'OCDE par intérim Alvaro Pereira.

«La croissance est stable ou s'améliore dans la plupart des pays du G20 et l'expansion se poursuit», a encore estimé M. Pereira, cité dans un communiqué.

Mais il a jugé que pesait sur cette évolution un «risque clé», celui du protectionnisme.

Malgré les mises en garde des partenaires commerciaux des États-Unis, Donald Trump a formalisé jeudi dernier sa décision d'imposer des taxes à l'importation de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium. Elles doivent entrer en vigueur d'ici une dizaine de jours.

Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Roberto Azevêdo, avait mis en garde lundi contre une escalade de «représailles» commerciales, dont personne selon lui ne sortirait gagnant.

«Il est important d'éviter une escalade des tensions commerciales», a abondé M. Pereira, appelant les gouvernements à «se reposer sur les solutions collectives» pour gérer la surproduction d'acier, en citant notamment le «forum mondial sur les surcapacités de l'acier».

Ce forum ad hoc de l'OCDE lancé lors d'un sommet du G20 en septembre 2016 à Hangzhou (est de la Chine) est destiné à évaluer les efforts des Etats, en particulier de la Chine, premier producteur mondial, pour réduire l'offre.

«Il est indispensable de préserver le système commercial international pour prévenir des effets négatifs à long terme d'une sortie des marchés ouverts», note l'OCDE.

Souvent surnommée le «club des pays riches», cette institution compte 35 États membres.

Réforme fiscale

La réforme fiscale américaine est l'un des «facteurs clés derrière les révisions à la hausse» au niveau mondial, avec une hausse prévue de l'investissement public allemand.

«Vous avez deux économies majeures du monde, les États-Unis et l'Allemagne, qui stimulent l'économie encore plus», a expliqué M. Pereira.

La réforme de M. Trump, adoptée fin décembre, octroie d'importantes réductions aux entreprises, dont le taux d'imposition est passé de 35% à 21%.

Ces mesures, ainsi qu'une hausse de la dépense publique, «pourraient contribuer entre 0,5 et 0,75 point supplémentaires à la croissance du PIB américain en 2018 et 2019», selon l'organisation internationale basée à Paris, même si les effets à moyen terme sont «difficiles à estimer».

Les économistes de l'OCDE rappellent en particulier que cet effet bénéfique pourrait s'estomper à moyen terme, sur fond de hausse des taux d'intérêt et d'alourdissement de la dette publique américaine.

Pour l'Allemagne, l'OCDE salue les investissements prévus par l'accord de coalition entre les conservateurs de la chancelière Angela Merkel et les sociaux-démocrates.

En France, où l'économie devrait croître de 2,2% cette année puis de 1,9% l'an prochain, les «récentes réformes» permettent le maintien d'une croissance «solide», estime l'OCDE.

Cependant, l'organisation met en garde contre des politiques budgétaires trop généreuses, et s'inquiète d'un relâchement des réformes structurelles dans les grandes économies.

«Aujourd'hui c'est le bon moment pour réformer», a lancé M. Pereira lors de la présentation du rapport, qui invite les pays à «insuffler une nouvelle dynamique à leurs efforts».