Donald Trump a de nouveau pris pour cible la Chine mardi, mais aussi la Corée du Sud, dénonçant des échanges commerciaux inéquitables pour justifier de potentielles nouvelles sanctions contre Pékin et la révision de l'accord commercial avec Séoul.

Les industries américaines du secteur de l'acier et de l'aluminium «ont été décimées» par les importations de produits chinois à prix cassés, a dénoncé le président américain qui a tenu une réunion avec des parlementaires démocrates et républicains dans le cadre de son engagement pour une politique commerciale «juste et réciproque soutenant les travailleurs et l'économie américaine».

Ces déclarations interviennent alors que le président a encore deux mois pour se prononcer sur d'éventuelles sanctions contre les importations chinoises dans les secteurs stratégiques, pour les industries de défense notamment, de l'acier et l'aluminium.

Le ministre américain du Commerce Wilbur Ross lui a en effet remis en janvier ses rapports sur des subventions présumées aux importations d'acier et d'aluminium chinois.

Il avait alors précisé que le président avait 90 jours pour décider d'éventuelles sanctions, sans toutefois dévoiler les conclusions des enquêtes de ses services.

Mardi, le président américain a évoqué la possibilité d'imposer des taxes douanières voire des quotas d'importation.

Les États-Unis, qui présentent un important déficit dans leurs échanges avec Pékin et Séoul, ont déjà imposé des sanctions douanières en janvier sur les panneaux solaires chinois et sur les machines à laver sud-coréennes.

Pour les seuls biens, le déficit commercial avec la Chine - deuxième partenaire commercial des États-Unis après l'Union européenne - a atteint l'an passé un niveau record de 375,2 milliards de dollars.

S'agissant de la Corée du Sud, le président a qualifié mardi de «désastreux» l'accord commercial entre les deux pays dont la révision a été annoncée en juillet 2017.

«Nous avons un très très mauvais accord avec la Corée» du Sud, «pour nous, il ne produit rien d'autre que des pertes», a jugé M. Trump.

Corée du Nord

Une réunion s'est déjà tenue le 5 janvier à Washington pour examiner de possibles amendements à ce traité signé en 2012.

L'administration Trump considère que ce traité, appelé Korus, avantage Séoul, car les États-Unis exportent moins vers la Corée du Sud depuis son entrée en vigueur.

En 2017, la Corée du Sud était le sixième partenaire commercial des États-Unis derrière l'Allemagne et devant le Royaume-Uni et la France.

Le déficit commercial américain en marchandises avec la Corée du Sud s'est élevé à 22,7 milliards de dollars l'an dernier, en diminution par rapport à 2016. Pour les biens et services, le déficit était de 17 milliards en 2016, les chiffres 2017 ne sont pas encore disponibles.

La renégociation du traité Korus doit aboutir à «un accord équitable» sinon Washington l'abandonnera, a averti mardi Donald Trump.

Bien avant son arrivée à la Maison-Blanche, le milliardaire avait fait de la lutte contre le déséquilibre des échanges commerciaux une priorité absolue pour mettre en oeuvre son credo «L'Amérique d'abord».

Alors qu'il venait juste de prendre les rênes du pouvoir, il avait mis fin le 23 janvier 2017 au traité de libre-échange transpacifique (TPP), signé avec onze pays riverains du Pacifique, mais sans la Chine, pour sauvegarder les emplois américains qu'il affirmait menacés par le libre-échange.

Il a aussi imposé au Mexique et au Canada la renégociation du traité de libre-échange nord-américain (ALENA) et souligné à maintes reprises qu'il n'hésiterait pas à sortir de cet accord en vigueur depuis 1994 si ses revendications n'étaient pas satisfaites.

Pour autant, en dépit d'un élan résolument protectionniste, le solde chroniquement déficitaire des échanges de biens et de services avec le reste du monde a atteint 566 milliards de dollars en 2017, soit une hausse de 12,1 % sur un an, sous l'effet de l'appétit des consommateurs américains, friands de marchandises bon marché en provenance de l'étranger.

Les relations commerciales de Washington avec la Chine sont rendues d'autant plus complexes dans le contexte de fortes tensions avec la Corée du Nord.

Depuis un an, Donald Trump exhorte la Chine, principal allié de Pyongyang, à agir davantage pour faire pression sur son turbulent voisin. Pour l'en convaincre, il n'hésite pas à brandir l'arme commerciale.