Les eurodéputés sociaux-démocrates, verts, de gauche radicale et certains de droite, ont appelé mardi à ajouter quatre pays européens - Pays-Bas, Irlande, Luxembourg et Malte - sur la liste noire des paradis fiscaux établie par l'UE.

«Il nous faut une liste noire des paradis fiscaux qui soit juste. Nous devons nous pencher sur les membres de notre famille et nettoyer tout ce qu'il faut nettoyer au sein de l'UE», a lancé l'eurodéputé danois Jeppe Kofod lors d'un débat au Parlement européen à Strasbourg.

Le Parlement doit justement se prononcer mercredi sur des recommandations visant à mieux lutter contre les paradis fiscaux, élaborées par une commission d'enquête dont il s'est doté pour se pencher sur le scandale des «Panama Papers» -qui avait révélé au printemps 2016 le recours massif à des sociétés offshore dans un but d'évasion fiscale. M. Kofod, un social-démocrate, est co-rapporteur de ce travail d'enquête.

L'ajout des Pays-Bas, de l'Irlande, du Luxembourg et de Malte à la liste noire européenne sera également soutenu mercredi par un certain nombre d'élus de droite, a souligné le chrétien-démocrate allemand Werner Langen, président de cette commission d'enquête sur les «Panama Papers».

«L'UE ne peut pas se contenter d'avoir des exigences vis-à-vis des pays tiers. Les pays européens doivent mettre de l'ordre chez eux», a-t-il souligné.

Il y a tout juste une semaine, les 28 États membres de l'UE s'étaient dotés de leur première liste de paradis fiscaux, qui comprend 17 pays ou juridictions, tous en dehors des frontières de l'Union, conformément à ce qui avait été prévu dès le départ.

Dans l'Union, toute décision en matière fiscale doit être prise à l'unanimité, ce qui rend très difficile toute réforme d'envergure. Les 28 se sont ainsi livrés à de longues tractations pour établir cette liste noire, chacun protégeant tel ou tel territoire.

Les quatre pays de l'UE montrés du doigt par les eurodéputés sont également ceux qu'avait épinglés l'ONG Oxfam il y a quinze jours, estimant qu'ils devaient figurer sur la liste noire de l'UE.

En revanche, le Commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a une fois de plus affirmé mardi qu'aucun pays européen n'était un paradis fiscal.

«Cela dit, il y a de très graves problèmes et de très graves manquements dans un certain nombre de pays de l'UE et si le Parlement estime que cela se justifie de l'inscrire en tant que paradis fiscal, c'est votre droit de le faire», a-t-il lancé aux eurodéputés.

L'ancien ministre français des Finances a condamné notamment certaines pratiques, mentionnant les «suspicions de fraude à la TVA existant à Malte, dans l'île de Man» ou encore certaines législations «devant être condamnées» aux Pays-Bas.

Quant à l'élue écologiste française Eva Joly -ancienne juge d'instruction spécialisée dans les affaires financières-, elle a critiqué dans l'hémicycle «la Grande-Bretagne et son réseau néfaste de paradis fiscaux pour le reste de l'Union».