Sourires et poignées de main chaleureuses, cérémonie et splendeur seront déployées lundi alors que le premier ministre chinois, Li Keqiang, déroulera le tapis rouge pour son homologue canadien, Justin Trudeau.

Mais le spectacle qui soulignera l'arrivée de M. Trudeau au palais de l'Assemblée du Peuple, à Pékin, voilera une réalité plus sombre, soit la lutte ardue du Canada pour une relation commerciale équitable avec un pays ambitieux qui en impose et qui joue selon ses propres règles.

Le gouvernement fédéral minimise la possibilité que ce voyage marque le début des pourparlers officiels, alors que la Chine se montre enthousiaste à entamer de véritables négociations après plusieurs longues rondes de discussions «exploratoires».

Mais Ottawa cherche d'abord à obtenir une garantie de la Chine que leurs pourparlers ne seront pas strictement commerciaux.

Plusieurs responsables gouvernementaux ont indiqué sous le couvert de l'anonymat que le Canada veut pousser un programme de libre-échange dit progressiste en abordant des sujets comme l'environnement, l'égalité des genres, la gouvernance et les normes du travail.

Les autorités chinoises martèlent toutefois que toutes discussions sur le libre-échange devront être divorcées de toute considération sur les droits de la personne. Le Canada s'acharne néanmoins à mettre de l'avant son programme progressif qu'il a réussi à enchâsser dans ses ententes de libre-échange avec l'Europe et dans l'Accord de partenariat transpacifique avec des pays asiatiques.

Le Canada ne cherche à négocier ni un accord sur les biens et services de base ni une entente morcelée secteur par secteur, selon un responsable gouvernemental.

«Lorsqu'il est question de commerce, les Canadiens s'attendent à ce que nous soyons fermes et résolus dans la promotion de nos valeurs à l'étranger, dans le maintien et la protection de notre sécurité nationale, tout en faisant grandir notre économie», a déclaré le ministre canadien du Commerce international, François-Philippe Champagne.

«Nous devons regarder l'ensemble de l'échiquier et planifier nos actions en conséquence», a-t-il poursuivi.

Or, plusieurs analystes estiment que l'échiquier est pipé en faveur de la Chine.

À sa tête se trouve son plus puissant dirigeant des dernières décennies: le président Xi Jinping, qui se pose en défenseur du libre-échange face au protectionnisme du président américain, Donald Trump.

Le premier ministre Justin Trudeau doit s'entretenir avec M. Xi mardi.