Le Brésil est officiellement sorti vendredi d'une récession historique, avec une progression du PIB au 2e trimestre qui, bien que timide, constitue une bonne nouvelle pour un président Michel Temer ayant mis résolument le cap sur les réformes économiques.

La première économie d'Amérique latine a enregistré une hausse de 0,2% de son PIB au 2e trimestre par rapport au premier, a annoncé l'Institut de géographie et de statistiques IBGE. Un chiffre meilleur que la croissance nulle qui était attendue par un panel d'économistes.

La hausse trimestrielle confirme donc la sortie de la récession du Brésil, après la progression de 1% lors du premier trimestre par rapport au précédent -- la première fois que le pays sortait la tête de l'eau après huit trimestres consécutifs de recul.

Le Brésil vient de traverser la pire récession de son histoire avec une chute de son Produit intérieur brut de 3,6% en 2016 et 3,8% en 2015.

Par rapport au 2e trimestre de 2016, le PIB du Brésil a progressé de 0,3% entre avril et juin cette année, a précisé l'IBGE. Une première depuis trois ans.

Si la croissance du premier trimestre avait été imputée à l'envolée de l'agriculture stimulée par de bonnes récoltes (+13%) et à celle des exportations, celle du deuxième trimestre a surtout été tirée par les services (+0,6%) et la consommation des ménages (+1,4%).

Les analystes consultés par la banque centrale s'attendent à une croissance de 0,39% cette année et de 2% en 2018 dans ce pays-continent de plus de 200 millions d'habitants.

«Nous n'allons pas avoir un résultat brillant cette année», mais l'économie brésilienne fait preuve de «résilience» dans «un climat politique agité et plein d'incertitudes», a dit à l'AFP Carlos Langoni, ex-gouverneur de la Banque centrale.

La reprise, même timide, conforte la politique du président conservateur Michel Temer, qui après avoir échappé à un procès pour corruption, a mis résolument le cap sur les réformes économiques.

«Nous sommes en train de sortir ce pays de sa pire crise économique de son histoire», avait lancé M. Temer au début du mois. «Je veux mener à bien le plus grand changement jamais réalisé dans notre pays».

Brasilia vient de lancer un ambitieux programme de privatisations et veut s'attaquer à une réforme des retraites très impopulaire, mais demandée par les marchés.

Le gouvernement a obtenu ces dernières semaines une embellie sur plusieurs fronts, emploi et inflation notamment.

Embellie à confirmer

Après un pic de 14 millions demandeurs d'emplois, le chômage a reflué en juillet, pour le 4e mois consécutif, à 13,3 millions de demandeurs d'emploi.

L'inflation sur 12 mois a de son côté reflué pour tomber à son plus bas niveau depuis 1999 (2,7% en juillet).

Quant aux privatisations, l'État veut céder 58 actifs, dont des autoroutes, des ports, et la concession d'aéroports, y compris le très lucratif terminal de Congonhas, à Sao Paulo, et le premier fournisseur d'énergie d'Amérique latine, Eletrobras.

Le président Temer se trouve actuellement à Pékin où il essaie de séduire les investisseurs chinois. L'État pourrait engranger avec les privatisations environ 40 milliards de réals (12,6 milliards de dollars) avant la fin 2018.

Un montant non négligeable pour un gouvernement qui vient de relever ses estimations de l'énorme déficit public pour cette année et la prochaine, à 159 milliards de réals.

Il n'en reste pas moins que l'embellie devra être confirmée dans un pays plombé par de lourdes incertitudes politiques et une grave crise sociale qui refroidissent les investisseurs.

Michel Temer, le plus mal aimé des présidents brésiliens depuis la fin de la dictature militaire en 1985, a un taux d'opinions favorables tombé dans les profondeurs, à 5%.

Il vient d'échapper à un procès pour corruption passive, mais est menacé d'une accusation d'obstruction de la justice, alors que le Brésil est secoué par des scandales de corruption touchant tous les partis politiques.

Arrivé au pouvoir à la faveur de la destitution-choc de la présidente de gauche Dilma Rousseff (gauche), il s'est dit déterminé à aller au terme de son mandat, fni 2018, avec un seul objectif: mener ses grandes réformes libérales.