La croissance britannique a brutalement freiné au premier trimestre, à 0,2%, l'Office des statistiques nationales (ONS) mettant en exergue de moindres dépenses des ménages au moment où le pays s'apprête à négocier son Brexit.

Les données publiées jeudi montrent une baisse de 0,1 point par rapport à une estimation préliminaire publiée fin avril qui faisait état d'une croissance de 0,3% du produit intérieur brut au premier trimestre par rapport à celui du quatrième trimestre 2016.

Après une croissance vigoureuse de 0,7% au quatrième trimestre, le ralentissement tel que précisé jeudi n'en est donc que plus brutal.

L'ONS a évoqué une moins bonne tenue du secteur des services qu'estimé au départ. Ils ont vu leur développement ralentir (seulement 0,2% de hausse au premier trimestre par rapport au quatrième trimestre 2016) alors qu'ils constituent le pan le plus important de l'économie britannique, appuyé entre autres par les puissants secteurs de la finance, de la distribution, de l'hôtellerie-restauration et des transports.

L'ONS a souligné notamment que les secteurs des ventes au détail et de l'hôtellerie avaient vu leur activité diminuer.

Toujours du côté de la production, les autres secteurs de l'économie britannique (industrie, construction et agriculture) ont connu eux aussi une croissance modeste, comprise entre 0,1 et 0,3%.

Côté consommation, l'ONS a souligné que les dépenses des ménages n'avaient augmenté que de 0,3% d'un trimestre sur l'autre, après une progression deux fois plus importante au dernier trimestre 2016.

Le pouvoir d'achat des ménages commence à subir l'impact de la nette hausse de l'inflation ces derniers mois, soutenue par un renchérissement des produits importés sur fond de livre sterling dépréciée depuis la décision des Britanniques de quitter l'UE lors du référendum du 23 juin.

Les investissements des entreprises ont toutefois grimpé pour leur part plus vigoureusement (+0,6%), malgré les incertitudes entourant les négociations du Brexit qui s'ouvrent entre Londres et Bruxelles.

Mais l'activité dans son ensemble a subi à l'inverse une contribution négative du commerce international, avec une hausse de 2,7% des importations et une baisse des exportations de 1,6%, décevante au regard de la dépréciation de la livre (autour de 14% à ce jour depuis le référendum) censée apporter un soutien aux industries britanniques tournées vers l'étranger.

Souci de pouvoir d'achat

Symboliquement, ce ralentissement d'ensemble place le Royaume-Uni en queue de peloton en ce qui concerne la croissance des pays du G7, un rang auquel le pays et son économie dynamique n'ont guère été habitués ces dernières années. La zone euro a affiché dans le même temps une croissance de 0,5% au premier trimestre.

«Est-ce que le Royaume-Uni est le nouveau malade de l'Europe ?», s'est demandé Kathleen Brooks, analyste chez City Index, qui a prévenu qu'un deuxième trimestre encore marqué par de mauvais indicateurs «pourrait justifier ce titre».

En attendant, elle a jugé la croissance «pas encourageante en ce début des négociations du Brexit», tout en soulignant que les données publiées distinctement par les entreprises étaient encourageantes depuis le début de l'année - laissant espérer que les données macroéconomiques, qui ont habituellement un petit temps de retard, pourraient en faire écho dans les mois qui viennent.

Reste que l'activité britannique souffrira quoi qu'il en soit de la baisse attendue du pouvoir d'achat des ménages. L'inflation, qui a atteint 2,7% sur un an en avril, vient en effet de rattraper le rythme de progression des revenus des ménages, et risque bien de lui être supérieure dans les mois qui viennent.

L'investissement des entreprises continuera aussi d'être scruté par les observateurs et les autorités, au moment où Londres s'apprête à ouvrir les négociations formelles sur le Brexit avec Bruxelles.

Avant même les élections législatives du 8 juin, le patronat appelle par avance la majorité qui sortira des urnes à apporter rapidement des certitudes aux entreprises quant aux conditions des échanges qui s'appliqueront avec le reste de l'UE.

Le cadre actuel du Brexit prévoit que le Royaume-Uni sortira du marché unique.