À quelques semaines de la tenue du sommet du G7 en Italie, les dirigeants des plus grands regroupements d'affaires de la planète - dont la Chambre de commerce du Canada - lanceront vendredi matin un avertissement contre la montée « sans précédent » du protectionnisme, qui frappe de plein fouet les États-Unis et d'autres pays européens.

Dans une déclaration commune obtenue par La Presse, les membres du B7 (pour Business 7 qui représente des centaines de milliers d'entreprises des pays du G7) livrent un vibrant plaidoyer pour la libre circulation des biens et services. Sans pointer directement les États-Unis de Donald Trump ou le Royaume-Uni à l'ère du Brexit, ils déplorent « l'isolement » que se sont « eux-mêmes imposé » certains pays au cours de la dernière année.

« Le G7 devrait pousser tous les dirigeants à résister au protectionnisme, à promouvoir davantage les mesures existantes pour des échanges commerciaux libres et justes à l'échelle de la planète, à renforcer les ententes-clés de libre-échange et à entreprendre des négociations multilatérales sur les nouveaux enjeux », soulignent-ils dans leur déclaration, qui sera publiée aujourd'hui à Rome au terme du B7 Business Summit.

Les dirigeants du G7 se réuniront quant à eux les 26 et 27 mai prochain à Taormina, en Italie. La Maison-Blanche a confirmé la participation de Donald Trump, ce qui constituera sa première visite officielle en Europe. Justin Trudeau sera aussi présent.

CRUCIAL POUR LE CANADA

La fluidité des échanges commerciaux revêt une importance cruciale pour le Canada ces jours-ci, alors que plusieurs vents contraires soufflent dans ce dossier.

D'une part, l'administration Trump a promis de renégocier à son avantage l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), tandis qu'Ottawa espère mettre en branle le plus vite possible son entente de libre-échange avec l'Union européenne. Le Canada caresse aussi l'idée de ratifier des traités avec la Chine et le Royaume-Uni post-Brexit.

« Nous sommes très impliqués dans les discussions du B7, car on pense qu'il est très important pour le Canada de participer activement aux discussions internationales qui vont mener au G7. »

- Duncan Wilson, président du conseil d'administration de la Chambre de commerce du Canada, joint par La Presse à Rome

M. Wilson, dont l'organisme représente 200 000 entreprises canadiennes, souligne que le « protectionnisme accru » a été l'objet de plusieurs discussions pendant le B7 Business Summit. Selon lui, les accords de libre-échange agissent comme « bouc émissaire » dans le contexte politique actuel, qui favorise le repli sur soi.

« On le sent moins au Canada, mais c'est clair de la part des Européens et des Américains que ces sentiments sont en hausse, a-t-il avancé. Il semble y avoir une perception assez largement répandue voulant que les ententes commerciales déplacent des emplois outre-mer. Une des choses qu'il faut faire comprendre, c'est que ce n'est pas nécessairement le cas. Il y a des avantages économiques significatifs. »

Avec leur déclaration commune qui sera publiée aujourd'hui, les membres du B7 espèrent convaincre les dirigeants politiques de l'importance cruciale des accords multilatéraux. Une bonne part de cette stratégie relève de l'exercice de relations publiques en prévision du sommet du G7, admet Duncan Wilson.

Parmi les demandes plus précises, le B7 recommande vivement aux dirigeants du G7 - qui comprend le Canada, la France, l'Allemagne, le Japon, l'Italie, le Royaume-Uni, les États-Unis et l'Union européenne - de viser une conclusion rapide de l'accord de libre-échange Canada-Union européenne, et de celui entre l'Europe et le Japon.