La Banque d'Angleterre a nettement relevé jeudi sa prévision de croissance pour 2017, à 2%, tout en maintenant inchangée sa politique monétaire très accommodante destinée à soutenir l'économie sur fond de Brexit.

La banque centrale britannique a laissé son taux directeur à 0,25%, niveau historiquement bas auquel il a été abaissé en août, et maintenu à 435 milliards de livres le montant total de son programme de rachats d'obligations souveraines et à 10 milliards de livres ses rachats d'obligations d'entreprise.

Dans son rapport trimestriel sur les perspectives de l'économie britannique, le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque d'Angleterre (BoE) a relevé à 2% sa prévision médiane pour la croissance en 2017, contre 1,4% estimé en novembre.

«L'absence jusqu'à présent d'un ralentissement perceptible de la croissance des dépenses des ménages au cours des sept mois depuis le référendum (sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne) a rassuré, montrant qu'un ralentissement brutal, en réponse à la hausse des incertitudes économiques, était moins probable», a commenté la banque centrale.

Le relèvement des perspectives économiques sur les trois ans à venir est le «reflet du stimulus budgétaire annoncé dans le discours d'automne du Chancelier (de l'échiquier, le ministre des Finances Philip Hammond), un renforcement de l'activité mondiale», et de meilleures conditions de crédit, notamment pour les foyers, a expliqué la banque centrale.

De plus, cette révision à la hausse prend en compte le fait que la croissance a été plus forte que prévu sur le second semestre de 2016.

Mais les incertitudes sur les accords commerciaux risquent de continuer à peser sur les décisions économiques pendant un certain temps.

Et la BoE a prévenu qu'un ralentissement de la croissance est toujours à attendre, même s'il sera moins marqué, du fait notamment de la hausse des prix à l'importation et d'un ralentissement de la croissance des salaires.

L'économie tient bon

Mais après une année 2016 qui a déjoué tous les pronostics avec une vive croissance de 2%, l'annonce de l'institution semble montrer que les feux pourraient rester au vert plus longtemps que prévu.

Pour 2018, la BoE s'attend à une croissance de 1,6%, contre 1,5% estimé en novembre, et prévoit toujours 1,6% pour 2019. Et ce même si le Royaume-Uni entame une période délicate avec l'ouverture prochaine des négociations de sortie de l'Union européenne qui font planer une incertitude peu goûtée des entreprises.

Sur le plan de l'inflation, la BoE s'attend à ce que le niveau cible de 2% soit atteint ou dépassé dès février, avant d'atteindre un pic à 2,8% au cours du premier semestre 2018 et de redescendre à 2% d'ici à trois ans.

Pour fin 2017, l'inflation devrait être de 2,7% (contre 2,8% attendu dans le rapport de novembre), et devrait ralentir lentement pour s'afficher à 2,6% (contre 2,7%) fin 2018 et 2,4%(contre 2,5%) fin 2019.

Ces données ont été révisées pour notamment prendre en compte la légère appréciation de la livre britannique depuis le précédent rapport sur l'inflation.

Dans ce contexte, la BoE s'est de nouveau dite prête à tolérer une inflation supérieure au niveau cible tout en rappelant qu'il y avait des limites à cette tolérance.

Les minutes de la réunion de politique monétaire ont d'ailleurs montré que «certains membres», ni dénombrés ni nommés, sur les neuf que compte le Comité, estimaient que cette limite était un peu plus proche qu'auparavant, laissant entrevoir la possibilité d'une prochaine divergence, ces membres pouvant dans les mois à venir commencer à envisager une hausse des taux pour contrer la flambée des prix.

Les observateurs, comme les prévisions de la BoE, n'incluent actuellement pas une hausse des taux avant fin 2018.