Les prix à la consommation au Japon ont affiché en 2016 leur premier recul depuis 2012, avec une baisse de 0,3% sur un an, signe des difficultés de l'archipel à vaincre la déflation, même si se profile un rebond.

Sur le seul mois de décembre, hors produits périssables, les prix ont diminué de 0,2%, enregistrant leur dixième déclin mensuel d'affilée, a annoncé vendredi le gouvernement. Cela représente toutefois une baisse moins prononcée qu'en novembre (-0,4%) et que ce qu'attendaient les analystes (-0,3%).

Si l'on exclut les tarifs de l'énergie et de l'alimentation, on constate une stagnation, et une hausse de 0,3% si l'on prend en compte toutes les marchandises, y compris périssables.

2016 restera donc une année noire pour la banque centrale du Japon (BoJ) et son gouverneur Haruhiko Kuroda, arrivé au printemps 2013 pour terrasser la déflation, un mal pernicieux qui décourage achats et investissements dans l'espoir de prix toujours plus bas.

Sa tâche a cependant été plus compliquée que prévu et en novembre, la BoJ a dû repousser, pour la énième fois, l'échéance pour atteindre son objectif de 2% d'inflation, aveu d'échec de la stratégie de relance du premier ministre Shinzo Abe. Elle espère désormais toucher sa cible en mars 2019, soit avec quatre ans de retard sur le calendrier initial.

«Un tout petit pas»

Les analystes anticipent une amélioration dans les mois à venir grâce à deux éléments: la remontée des cours du pétrole et l'évolution favorable des devises.

«L'inflation devrait rebondir fortement alors que l'incidence négative d'une énergie bon marché va continuer à se dissiper. En outre, le yen s'est affaibli récemment et nous pensons qu'il va encore décliner à 130 yens pour un dollar, ce qui devrait renchérir le prix des marchandises importées», a commenté dans une note Marcel Thieliant, analyste de Capital Economics.

Peut-être l'évolution des prix remontera-t-elle autour de 1% courant 2017, mais «ce n'est qu'un tout petit pas par rapport aux ambitions de la BoJ», souligne Yasuhide Yajima, chef-économiste à l'institut de recherche NLI, cité par l'agence Bloomberg News.

Le Japon reste incapable de générer une inflation intrinsèque en raison d'une demande atone: la consommation des ménages ne cesse de refluer alors que les salaires n'augmentent que modestement. Dans ces conditions, «une inflation de 2% apparaît illusoire», estime-t-il.

Sur le front du commerce extérieur, une embellie semble en revanche se dessiner: les exportations ont rebondi en décembre après 14 mois de baisse, selon des statistiques publiées mercredi. Et en 2016, le Japon a dégagé un excédent commercial pour la première fois en six ans, après la déroute causée par l'accident nucléaire de Fukushima qui avait progressivement mis à l'arrêt les réacteurs et contraint le pays à recourir à des importations en masse d'hydrocarbures pour ses centrales thermiques.

Les autres indicateurs du mois de décembre sont attendus mardi, juste avant une décision de la banque centrale. Après une année 2016 mouvementée, les économistes prédisent, unanimes, un maintien de sa politique monétaire ultra-accommodante pour soutenir l'activité.