Les ministres des Finances de la zone euro ont accordé lundi à la Grèce un léger toilettage de sa dette, une avancée encore bien trop mince pour convaincre le FMI de rejoindre le troisième plan d'aide à Athènes.

Ces mesures dites «de court terme», car elles pouvaient être prises rapidement, «auront impact très important sur les années et les décennies à venir», a affirmé le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.

Il s'agit d'améliorations assez techniques sur les taux d'intérêt et la maturité de certaines dettes, prévues de longue date et dont l'adoption ne faisait guère de doute.

Sans rien coûter au contribuable européen, leur effet reste très incertain, de l'aveu même de Klaus Regling, le directeur général du mécanisme européen de stabilité (MES), qui supervise les prêts de la zone euro à la Grèce.

Elles pourraient en fait n'avoir dans un premier temps qu'un impact limité sur les quelque 315 milliards de la dette grecque en 2016, ce qui représente environ 180 % du PIB malgré trois plans successifs de soutien financier par l'UE et le Fonds monétaire international (FMI) depuis 2010.

Trop léger pour faire avancer le différend qui oppose depuis plusieurs mois le FMI et la zone euro sur la manière d'extraire la Grèce de six ans de crise financière, économique et sociale.

D'un côté, le premier plaide pour un coup de pouce rapide et décisif sur la dette, sans quoi il refuse de participer financièrement au troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros, accordé en juillet 2015.

De l'autre, l'Allemagne, premier créancier parmi les pays de la zone euro, reste campée sur son orthodoxie budgétaire et renvoie à 2018 un règlement de fond sur la dette, après ses élections législatives prévues en septembre 2017.

«Il reste du travail»

Seul point de convergence possible, faute d'allègement profond de la dette: faire porter tous les efforts par les Grecs, avec de nouvelles mesures d'austérité, y compris après la fin du programme en 2018. Une approche jusqu'alors «irréaliste» pour le FMI, mais qu'il n'exclut plus, selon une source européenne.

«Le FMI joue les pyromanes pour montrer que c'est impossible», explique cette source.

Ces âpres négociations ont cependant poussé lundi le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem à insister sur l'objectif budgétaire d'Athènes pour 2018 et «les années suivantes»: un excédent primaire (sans la charge de la dette) de 3,5 % du PIB, qui imposerait d'«importantes réformes structurelles».

«Absurde», répondent dans un communiqué les services du premier ministre grec, qui dénoncent les «demandes extrémistes du FMI».

Un haut responsable du FMI à Washington a rappelé que le Fonds préférerait un objectif moins ambitieux d'un excédent primaire de 1,5 % du PIB, ce qui réclamerait des réformes moins sévères.

«On peut vivre avec 3,5 % pendant quelques années», a-t-il concédé, «mais cela va demander des mesures» plus importantes du côté des retraites et des impôts sur le revenu, a-t-il relevé.

Il a regretté que ce soit le FMI que l'on blâme «pour pousser l'austérité» alors que le Fonds se dit prêt à accepter des objectifs plus progressifs passant par «un allègement de la dette» de la part des partenaires de la Grèce.

Selon M. Dijsselbloem, ce n'est qu'une fois qu'un accord aura été conclu sur ces réformes que le FMI décidera de participer ou non financièrement au programme d'aide.

Et «il reste de travail à faire», notamment sur la réforme du marché du travail, a-t-il dit.

«Nos équipes seront rapidement à Athènes pour finaliser un accord», probablement début 2017, a ajouté Pierre Moscovici.

L'UE, pressée par les échéances électorales à venir aux Pays-Bas, en France ou en Allemagne, espère régler rapidement la question grecque.

«L'économie grecque a fait énormément de réformes», a réagi lundi soir le ministre des Finances grec Euclide Tsakalotos.

«Il est temps maintenant qu'elles portent leurs fruits», a-t-il ajouté. «Il est très important que toutes les parties, y compris le FMI, ne compromettent pas ces progrès.»