Le gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney est sous le feu des projecteurs cette semaine alors que les spéculations vont bon train sur son avenir, après qu'il n'a eu de cesse de se montrer prudent sur les conséquences du vote pour le Brexit.

Arrivé à la tête de l'institution en 2013, le Canadien Mark Carney avait prévenu de son intention de ne remplir, pour des raisons personnelles, que cinq des huit ans de son mandat, avec la possibilité tout de même de choisir de rester jusqu'en 2021.

Mais le référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne (UE) a pu changer la donne pour le gouverneur, qui doit rendre publique sa décision d'ici à la fin 2016, après avoir laissé entendre il y a près d'un an qu'il n'écartait pas la possibilité de mener son mandat à son terme.

Tous les regards sont désormais tournés vers la conférence de presse qu'il doit tenir jeudi à l'occasion de la publication du rapport trimestriel de l'institution sur les perspectives pour la croissance et l'inflation au Royaume-Uni.

Comme le faisait remarquer Simon Smith, analyste chez FxPro, «il y a des attentes grandissantes sur le fait qu'il en profitera pour mettre un terme aux spéculations et annoncer ses intentions».

Cependant pour un porte-parole de la Banque d'Angleterre, interrogé lundi par l'AFP, «rien n'a changé» et le gouverneur se prononcera sur son avenir selon le calendrier prévu.

Les spéculations sur l'avenir du Canadien de 51 ans à la tête de l'institution ont été alimentées ce week-end par des informations contradictoires dans la presse britannique.

Une annonce avant la fin de l'année

Selon le Sunday Times, le gouverneur, «désenchanté» par le gouvernement conservateur de Theresa May, ne choisira pas de rester en poste.

Mais le Financial Times a rapporté dimanche soir que le gouverneur «pencherait plutôt pour demeurer à son poste jusqu'en 2021».

Le gouverneur s'est attiré les foudres de la frange eurosceptique des conservateurs britanniques, après avoir mis en garde contre les conséquences néfastes d'un Brexit sur l'économie britannique lors de la campagne du référendum sur la sortie de l'Union européenne.

Mais dans les heures et les jours suivant le vote pour le Brexit, M. Carney était apparu comme le seul à maintenir le cap, venant à la rescousse alors que les politiques se déchiraient en multipliant les discours et les mesures d'aides d'urgence à l'économie.

Lundi, la première ministre britannique Theresa May est montée au créneau pour réitérer sa confiance au gouverneur avec qui elle a «une bonne relation de travail» qu'elle entend poursuivre, selon une porte-parole de Downing Street.

La première ministre «soutient» clairement le gouverneur et «le travail qu'il a fait et qu'il fait pour le pays», jugeant qu'il est «absolument» la meilleure personne pour ce poste, a poursuivi la porte-parole.

Dans un discours tenu lors du congrès annuel du parti conservateur début octobre, Mme May avait pourtant tenu des propos jugés critiques sur la politique de la Banque d'Angleterre, estimant que les taux d'intérêt, trop bas selon elle, nuisent aux épargnants.

Une décision «entièrement personnelle»

Interrogé par une commission de la Chambre des Lords mardi dernier sur sa volonté de rester ou non à la tête de la Banque d'Angleterre, Mark Carney avait répondu que sa décision serait «entièrement personnelle», et qu'il ne faudrait pas y voir de commentaire sur la politique du gouvernement.

Si l'éducation de ses quatre filles avait été présentée comme l'une des principales raisons d'un retour probable au Canada après seulement cinq ans au Royaume-Uni, certains lui prêtaient des velléités politiques au sein du parti libéral qui auraient été quelque peu balayées par le succès électoral de Justin Trudeau en fin d'année dernière.

Diplômé des Universités de Harvard et Oxford, passé par la banque d'affaires Goldman Sachs, ce grand brun grisonnant au visage carré était à la tête de la banque centrale du Canada avant de rejoindre la «Vieille dame de Threadneedle Street» (surnom de la Banque d'Angleterre tiré de la rue où se situe son siège).