À trois, les premiers ministres Justin Trudeau, Philippe Couillard et Manuel Valls forment une super équipe de vendeurs pour l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe et ils devraient traverser l'Atlantique pour aller convaincre les Européens.

« Tous les trois, nous devrions faire la même chose en Europe », a lancé le premier ministre français à ses homologues hier à Montréal, au terme d'une rencontre avec des gens d'affaires.

Il n'y a pas en Europe de leaders politiques qui parlent d'une seule voix en faveur de l'accord, a déploré M. Valls, pour qui le traité qui doit être ratifié à la fin du mois à Bruxelles est « le meilleur accord jamais conclu entre l'Europe et une autre puissance commerciale ».

Le premier ministre Couillard, qui était l'instigateur de cette rencontre à trois, a souligné que les Européens auraient tort de craindre que l'accord avec le Canada soit un cheval de Troie qui permettra aux Américains de dicter leurs lois en Europe.

« On n'est pas la même société, on n'est pas le même pays. »

- Philippe Couillard

Comme les Européens, les Canadiens et les Québécois tiennent à leur système public de santé, à leurs lois du travail et à leurs lois sur l'environnement, a insisté Philippe Couillard. Comme le premier ministre Trudeau l'avait fait avant lui, M. Couillard a souligné que la ratification de l'accord de libre-échange avec le Canada est un test pour l'Europe.

« Si l'Europe ne veut pas d'un traité avec un pays qui partage les mêmes valeurs, avec qui d'autre que le Canada ce serait possible ? », a-t-il demandé.

« CE SERAIT VRAIMENT DÉSOLANT »

Un peu plus tôt, Justin Trudeau s'était aussi interrogé sur les conséquences d'une opposition européenne, alors que M. Valls effectuait une visite officielle à Ottawa dans la matinée.

« Si l'Europe n'arrive pas à signer cet accord, ça va être un message très clair pas juste aux Européens, mais au monde entier que l'Europe est en train de choisir une voie qui n'est pas très productive ni pour ses citoyens ni pour le monde. Et ce serait vraiment désolant. »

- Justin Trudeau

Un refus serait « un signe terrible que l'Europe donnerait », a convenu le premier ministre français devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Manuel Valls a profité de l'occasion pour proposer que la France remplace l'Angleterre comme porte d'entrée du Canada en Europe. Il n'est pas question de laisser à la Grande-Bretagne, qui a décidé de sortir de l'Europe, un accès « à la carte » au marché intérieur européen, a-t-il soutenu.

PME

Assis dans de grands fauteuils blancs devant une salle comble, les trois premiers ministres ont répondu aux questions pas très corsées de Monique Leroux, présidente de l'Alliance coopérative internationale.

Quel sera l'impact de l'accord pour les PME ? a par exemple demandé Mme Leroux au premier ministre Trudeau. « Les PME peuvent avoir accès au monde entier, mais elles n'ont pas les mêmes moyens que les multinationales, a-t-il répondu. Cet accord va faciliter l'accès des PME à un marché énorme. »

La plupart des craintes exprimées par les opposants à l'accord ne sont pas fondées, estime pour sa part le premier ministre français, qui a rappelé que 64 % des exportations françaises entrent déjà librement au Canada et que cette part passera à 94 % une fois l'accord en vigueur.

- Avec Joël-Denis Bellavance, La Presse

L'ACCORD DE LIBRE-ÉCHANGE ENTRE LE CANADA ET L'EUROPE

(aussi appelé Accord économique et commercial global)

2009 : Début des négociations

2014 : Conclusion de l'accord

2016 : Ratification prévue le 27 octobre au Parlement européen, à Bruxelles

2017-2020 : Ratification dans les 28 États membres de l'Union européenne