Un collectif d'employés des institutions européennes, porté par la vague d'indignation qui a suivi l'embauche de l'ex-commissaire européen Barroso par Goldman Sachs, a présenté mercredi à Bruxelles une pétition regroupant plus de 152 000 soutiens en faveur d'un code d'éthique plus strict en matière de «pantouflage».

Représentés par un employé à la retraite - les fonctionnaires en activité sont tenus par un devoir de réserve -, une vingtaine de membres du collectif ont fait le tour des institutions communautaires installées dans la capitale belge pour remettre les signatures aux dirigeants de la Commission, du Conseil et du Parlement européens.

Les initiateurs de la pétition, qui a dépassé largement le cadre du quartier européen bruxellois, ont souhaité conserver l'anonymat «par respect pour (leur) statut» et parce que «tout citoyen lambda peut se reconnaître dans la pétition», a expliqué l'un d'entre eux lors d'un point presse.

«Pas en notre nom!», proteste le collectif dans cette pétition qui dénonce la décision de José Manuel Barroso de rejoindre la banque américaine Goldman Sachs, estimant que l'ancien président de la Commission de 2004 à 2014 «déshonore la fonction publique européenne et l'Union européenne dans son ensemble».

Sa décision de travailler «pour l'une des banques les plus impliquées dans la crise des "subprimes" qui a entraîné la crise financière de 2007-2008» est «irresponsable», «préjudiciable» et «moralement malhonnête», selon le collectif qui réclame la suspension des indemnités de retraite versées à l'ex-président de la Commission et la suspension de tous ses titres honorifiques.

Le collectif appelle également la Commission et le Conseil a saisir la Cour de justice européenne du cas Barroso.

Ils ont été reçus à la Commission par le secrétaire général de l'institution.

La veille, le porte-parole de l'exécutif européen, Margaritis Schinas, avait indiqué que la pétition serait remise «selon les canaux habituels», à savoir «selon la disponibilité des personnes et des commissaires impliqués».

Ils ont été plus longuement reçus par le président du Parlement européen Martin Schulz, «très à l'écoute», selon Michel Vanden Avont, retraité de la Commission devenu porte-parole du collectif.

Une deuxième pétition, soutenue par plusieurs ONG - dont la coalition anti-corruption Transparency International - et publiée sur le site WeMove.eu, a été paraphée par plus de 63 400 personnes, avec des revendications similaires.

Les trois principaux syndicats de fonctionnaires de l'UE soutiennent ces initiatives.

«Les employés sont soumis à un code de bonne conduite plus dur que les anciens commissaires», a observé Jean-Paul Soyer, secrétaire général du syndicat Union for Unity.

«C'est une pétition pour l'Europe. Dans cette crise, l'Europe doit soutenir, écouter le citoyen (...) et ne pas donner l'image d'une Europe inféodée aux puissances financières», a-t-il plaidé.