L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a réduit ses prévisions de croissance pour le Canada cette année, tout comme il l'a fait pour ses perspectives de l'économie mondiale.

Dans ses plus récentes perspectives économiques intermédiaires, publiées mercredi, l'OCDE a estimé que la faible croissance des échanges commerciaux et les distorsions du système financier exacerbaient la lenteur de la croissance économique mondiale.

«Le ralentissement prononcé des échanges internationaux met en relief les préoccupations relatives à la santé de l'économie et les difficultés à s'extraire du piège de la croissance molle», a déclaré l'économiste en chef de l'OCDE, Catherine Mann.

«Si la faiblesse de la demande contribue assurément au ralentissement des échanges, l'absence de soutien politique en faveur de politiques commerciales dont les bienfaits pourraient être largement partagés est très préoccupante.»

Le groupe de recherche dit maintenant croire que l'économie canadienne progressera de 1,2 % cette année, soit un demi-point de pourcentage de moins que dans ses perspectives de juin.

Pour 2017, la croissance de l'économie devrait être de 2,1 %, a indiqué l'OCDE, alors qu'il misait sur une croissance de 2,2 % dans ses prévisions précédentes.

Selon le rapport de l'OCDE, la longue période de faiblesse des taux d'intérêt a aussi contribué à faire grimper les prix de l'immobilier. Les prix des maisons progressent à des rythmes similaires ou supérieurs à ceux qui précédaient la crise financière de 2008 dans un certain nombre de pays, y compris au Canada.

Pour l'économie mondiale, l'OCDE ne table plus que sur une croissance de 2,9 % pour cette année, comparativement à 3,0 % dans ses perspectives de juin. C'est légèrement moins que la croissance de 3,1 % observée l'an dernier.

La croissance mondiale devrait atteindre 3,2 % l'an prochain, alors que l'OCDE visait précédemment une croissance de 3,3 % à ce chapitre.

L'économie canadienne s'est contractée au deuxième trimestre, en raison des incendies de forêt du mois de mai en Alberta, qui ont temporairement paralysé l'industrie des sables bitumineux de la province et ravagé certaines parties de Fort McMurray.

Cependant, des économistes s'attendent à ce que l'économie du pays rebondisse au troisième trimestre, notamment grâce aux travaux de reconstruction en Alberta et à la reprise des activités des sables pétrolifères.

Croissance mondiale «molle»

L'OCDE a revu à la baisse mercredi pour la troisième fois de l'année ses prévisions pour la croissance mondiale en 2016 et 2017, en les rabotant de 0,1 point de pourcentage, en raison de la faiblesse du commerce mondial et notamment du Brexit.

«L'économie mondiale est toujours piégée dans une croissance molle avec des déceptions (...) qui pèsent sur la croissance des exportations et qui alimentent la faiblesse du commerce, des investissements, de la productivité et des salaires», explique l'institution financière dans ses prévisions actualisées.

«Nous ne voyons aucune perspective pour un redressement soutenu de la croissance mondiale et aucun mécanisme sur les marchés qui nous permette de sortir» du piège de la croissance molle, a expliqué à l'AFP Catherine Mann, chef économiste de l'OCDE.

Face à ce contexte international morose, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a encore abaissé ses prévisions. Elle s'attend désormais à ce que la croissance mondiale passe sous la barre des 3% cette année, à 2,9%, soit 0,1 point de moins qu'attendu en juin et 0,4 point de moins qu'en début d'année.

Même scénario pour l'année prochaine: la croissance mondiale devrait à peine rebondir à 3,2%, soit 0,1 point de moins que lors des prévisions précédentes de juin.

Le panorama ne devrait pas s'améliorer par la suite: «le ralentissement de la croissance du commerce va déprimer la croissance de la productivité dans les prochaines années», assure l'institution financière internationale.

Deux pays sont particulièrement sanctionnés: les Etats-Unis cette année et le Royaume-Uni l'an prochain.

La croissance américaine est amputée de 0,4 point en 2016 et ne devrait atteindre que 1,4%, contre 1,8% prévu en juin. «Elle a ralenti en 2016, malgré une consommation solide et l'augmentation de l'emploi, en raison d'un faible investissement», assure l'OCDE qui attendait en début d'année une croissance de 2%.

En revanche, pour 2017, elle s'attend à un rebond de 2,1% de l'économie américaine, soit 0,1 point de moins qu'en juin.

Les effets du Brexit

Le phénomène est inverse pour le Royaume-Uni. Si la croissance devrait être meilleure que prévu cette année, à 1,8%, soit 0,1 point de mieux que lors des prévisions de juin, elle devrait être amputée de moitié l'an prochain à 1%, contre 2%, en raison du Brexit.

«En 2016, le PIB britannique a été soutenu par une forte performance avant le référendum», reconnaît l'OCDE, qui s'attend toutefois à ce que «l'incertitude» créée par le vote ramène la Grande-Bretagne à des taux de croissance «largement inférieurs à ceux de ces dernières années».

«Les conséquences du Brexit vont toucher la zone euro via les relations commerciales, qui sont touchées par l'incertitude, et via les taux de change. L'euro s'est d'ailleurs déjà apprécié par rapport à la livre sterling», a expliqué Mme Mann.

En zone euro, la croissance connaîtra d'ailleurs une légère baisse, selon l'OCDE. Elle n'atteindra que 1,3% en France, soit 0,1 point de moins qu'en juin et 0,2 point de moins que les prévisions du gouvernement. L'an prochain, elle stagnera à 1,3%, contre 1,5% prévu par le gouvernement.

L'OCDE revoit également à la baisse les prévisions de croissance pour l'Allemagne qu'elle réduit de 0,2% en 2017, à 1,5%. Cette année, elle devrait être de 0,2 point supérieure à celle attendue (1,8%).

Quant à l'Italie, les prévisions tablent désormais sur une croissance de 0,8% cette année (-0,2 point) et reculent fortement pour 2017 à 0,8% (-0,6 point).

Pour la Chine, l'OCDE maintient sans changement ses prévisions à 6,5% cette année et 6,2% l'an prochain. Idem pour l'Inde qui devrait connaître une forte croissance de 7,4% en 2016 et maintenir le rythme en 2017 à 7,5%.

Pour le Brésil, qui traverse une forte récession, l'OCDE se montre moins pessimiste qu'en juin et s'attend désormais à une chute du PIB de 3,3% cette année, contre 4,3% en juin.

Il devrait encore reculer, de 0,3%, l'an prochain, mais la performance serait largement supérieure à celle attendue en juin qui tablait sur un recul du PIB de 1,7%.

Face à cette croissance mondiale en berne, l'OCDE répète son message de juin et appelle les États à augmenter la dépense publique pour relancer l'activité économique. Un levier qui bénéficierait des taux d'intérêt très bas sur les marchés actuellement, grâce à la politique monétaire des banques centrales, rappelle l'organisation.

«La politique budgétaire devrait tirer l'avantage de l'augmentation de la marge de manoeuvre budgétaire pour augmenter la dépense qui favorise la croissance», assure l'OCDE.