Moins de croissance, pertes d'emplois, salaires plus bas et moins de rentrées fiscales, sont autant de points noirs de l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne sur le point d'être ratifié, selon un centre de réflexion canadien lundi.

S'appuyant sur une étude de l'université américaine Tufts, près de Boston (est), le Conseil des Canadiens a dénoncé un Accord économique et commercial global (AECG/Ceta) qui n'apportera «pas de gains économiques, seulement des pertes d'emplois, des inégalités et une érosion chronique du secteur public».

De leur côté, la ministre canadienne du Commerce international Chrystia Freeland, et la Commissaire européenne pour le commerce, Cecilia Malmström, ont de nouveau insisté lundi sur leur volonté de signer cet accord cet automne en vue d'une mise en oeuvre en début d'année prochaine.

Reconnaissant que des «points devront être clarifiés» avant la ratification, elles s'engagent à «dissiper les inquiétudes» et à «confirmer» leur attachement à l'égard «des services publics, des droits des travailleurs et de la protection de l'environnement».

Cette étude américaine, publiée avant les manifestations samedi en Allemagne contre les accords commerciaux, pointe le biais pris par les gouvernements dans leurs modèles économiques.

Pour promouvoir cet accord auprès des populations, les avantages déterminés par le Ceta sont calculés à partir d'hypothèses de plein emploi et l'absence de conséquences sur la répartition des revenus pour l'ensemble des pays concernés, selon ce rapport.

Pour ses auteurs, qui ont travaillé à partir du modèle de politique mondiale des Nations unies, les conséquences macro-économiques sont significatives. Cet accord «va entraîner la perte de 230 000 emplois d'ici 2023», dont 200 000 dans les pays de l'Union européenne et 80 000 dans le reste du monde, préviennent-ils.

Ces pertes d'emplois s'expliquent particulièrement par l'absence de dynamisme économique, avec des investissements et des exportations stables. En valeur absolue, la richesse des pays, mesurée par le produit intérieur brut, serait amputée de 0,50% pour l'Union européenne à 1% au Canada, avec un impact plus important en France (-0,65%) et en Italie (-0,78%) qu'en Allemagne (-0,37%).

Avec une croissance apathique, les rentrées fiscales des États vont baisser et «les déficits publics, calculés en pourcentage du PIB, augmenteront dans tous les pays de l'Union européenne», selon l'université de Tufts.

Enfin, le Ceta va provoquer d'ici 2023 une contraction des revenus salariaux, de l'ordre de 1776 euros par an au Canada. Dans l'UE, et selon les pays, la réduction atteindra de 316 euros à 1331 euros par an, selon les auteurs de l'étude qui dépeignent ses conséquences négatives sur le plan économique.

Il sera nécessaire de «quantifier les impacts sur nos lois, nos politiques et la démocratie qui découleront de l'harmonisation de la réglementation et des poursuites intentées par des multinationales pour contester nos normes environnementales et sociales», a noté Maude Barlow, présidente du Conseil des Canadiens.