Les marchés financiers ont rapidement surmonté l'épreuve du «Brexit», a constaté la Banque des règlements internationaux (BRI) dans son rapport trimestriel, publié dimanche, tout en relevant des dissonances qui illustrent leur forte dépendance à l'égard des banques centrales.

Dans les deux journées de négoce qui ont suivi la publication des résultats du vote britannique en faveur d'une sortie de l'Union européenne, les grands indices de référence ont plongé de plus de 5 % dans les économies avancées, le FTSE250, l'indice élargi de la Bourse de Londres, chutant à lui seul de près de 15 %.

Les primes de risque de crédit se sont envolées, la livre britannique a perdu 10 % tandis que le dollar s'est apprécié contre la plupart des devises à l'exception du yen japonais, a également rappelé cette institution considérée comme la banque centrale des banques centrales.

Malgré l'ampleur de la réaction initiale, les marchés se sont rapidement remis de ce choc, notamment grâce aux interventions des banques centrales qui ont exercé une influence apaisante en se disant prêtes à apporter leur soutien.

«Les remous ont disparu, aussi vite qu'ils étaient apparus», a retracé Claudio Borio, chef du département économique et monétaire de la BRI, lors d'une conférence téléphonique avec les journalistes.

Contrairement à d'autres chocs, le calendrier était cette fois prévisible, ce qui avait laissé le temps aux intervenants de marchés de se préparer.

«Pourtant, la vitesse de la reprise en a étonné plus d'un, compte tenu des incertitudes politiques et économiques suscitées par le scrutin», a-t-il poursuivi.

Dans ce climat d'ébullition, des notes dissonantes se sont toutefois fait entendre, la première venant des marchés obligataires, qui sont eux restés sous pression.

Symptômes habituels d'exubérance

Les rendements obligataires ont continué à reculer et les courbes de rendements à s'aplatir, a souligné Claudio Borio, soulignant qu'il s'agissait d'un «signe avant-coureur caractéristique de perspectives de croissance en berne».

Le stock global de dettes souveraines s'échangeant avec des rendements négatifs a dépassé largement les 10 000 milliards de dollars et, «fait encore plus extraordinaire», les rendements négatifs se sont même propagés à une partie des obligations d'entreprise.

L'autre note dissonante est venue des banques, qui avaient été fortement sanctionnées en Bourse après le Brexit.

Les actions bancaires n'ont pas connu un rebond de la même ampleur que les autres pans de la Bourse, reflétant les inquiétudes quant à leur capacité à dégager des profits dans un environnement de faible croissance et de taux d'intérêt durablement bas.

L'explication pour cette dissonance tient à l'interaction entre, d'un côté, les décisions des banques centrales qui se sont efforcées d'assouplir les conditions financières afin de stimuler l'économie par le biais notamment de taux zéro et de rachats d'actifs, et, de l'autre, les réactions des investisseurs.

Ces derniers ont privilégié les placements à plus forts rendements, tels que les actions, ou encore les actifs des pays émergents, qui ont bénéficié d'afflux de capitaux dans le sillage du «Brexit», stimulant les prix des actions et des monnaies de ces pays.

Si la perspective d'un maintien prolongé de taux bas a alimenté les «symptômes habituels d'exubérance» et suscité de graves préoccupations quant à la rentabilité des banques, la récente embellie n'en a pas moins reçu un accueil «très mitigé», a fait valoir Claudio Borio.

«C'est plus le bâton que la carotte», a-t-il jugé, pointant qu'une question lancinante persistait, à savoir «les marchés reflètent-ils vraiment les risques à venir?».

Selon lui, ces évolutions ont montré à quel point les marchés sont dépendants des banques centrales.

«Il est de plus en plus évident que les banques centrales ont été trop sollicitées pendant trop longtemps», a-t-il mis en garde.