Le président François Hollande a jugé jeudi «moralement inacceptable» le recrutement de l'ancien président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, par la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, lors de son interview du 14 juillet.

La France avait déjà demandé mercredi «solennellement» à l'homme politique portugais, qui a dirigé pendant 10 ans (2004-2014, ndr) la Commission de Bruxelles, de «renoncer» à travailler pour cette banque à la réputation controversée.

«M. Barroso, ce n'est pas moi qui l'ai choisi, hein, certains se reconnaîtront dans ce choix», a souligné le chef de l'État à l'adresse de ses prédécesseurs Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, qui ont contribué à la nomination à Bruxelles en 2004 puis à la reconduction en 2009 de l'ancien Premier ministre portugais.

Ce dernier dirigeait la Commission «au moment où il y a eu cette crise provoquée par ce qu'on appelle les prêts à haut risque (subprimes), dont Goldman Sachs était un des établissements phare», a encore reproché M. Hollande lors de son interview sur TF1 et France 2.

«Goldman Sachs qu'on retrouve dans l'affaire (de la dette) grecque, puisque c'est Goldman Sachs qui conseillait les Grecs et maquillait les chiffres (des comptes publics) que la Grèce il y a quelques années avait donnés à l'Union européenne», a-t-il encore pointé.

«Et on apprend quelques années plus tard que M. Barroso va rejoindre Goldman Sachs? C'est juridiquement possible mais moralement, ça touche la personne, c'est moralement inacceptable», a asséné le chef de l'État.

Mercredi à l'Assemblée nationale, le secrétaire d'État aux Affaires européennes Harlem Désir avait appelé M. Barroso à renoncer à cette embauche et Bruxelles à changer ses règles applicables aux anciens commissaires, jugeant qu'une telle nomination faisait «le lit des anti-européens».

Le Portugais doit occuper les fonctions de président non exécutif de Goldman Sachs International, branche internationale du groupe américain basée à Londres, et de conseiller de Goldman Sachs, au moment où le secteur financier est secoué par les craintes autour du Brexit.