La Banque d'Angleterre  a maintenu jeudi son taux d'intérêt à 0,50% malgré la décision des Britanniques de quitter l'UE, mais la plupart des membres de son comité de politique monétaire s'attend à un assouplissement en août, selon les minutes de leur réunion de juillet.

«Les données officielles sur l'activité économique pour la période depuis le référendum ne sont pas encore disponibles. Cependant, il y a des signes préliminaires du fait que le résultat a affecté le moral des ménages et des entreprises, avec de fortes baisses de certaines mesures de confiance des consommateurs et des entreprises», a souligné la banque centrale britannique.

Cette décision constitue une demi-surprise pour un certain nombre d'analystes qui avaient jugé probable une baisse de taux. De nombreux investisseurs sur les marchés avaient anticipé un assouplissement monétaire et la livre montait franchement face au dollar et à l'euro après cette décision.

Le taux directeur de la Banque d'Angleterre est maintenu à 0,50% depuis mars 2009 quand il avait été abaissé à ce niveau historiquement bas alors que le Royaume-Uni était en récession.

Dans le contexte du Brexit, et alors que le Comité de stabilité financière a déclaré la semaine dernière que des risques pour la stabilité financière avait commencé à se cristalliser, le CPM a «étudié un éventail de mesures de soutien monétaire possibles et leur combinaison» et les membres du Comité ont eu «un premier échange d'idées sur les différents paquets de mesures» disponibles.

La Banque d'Angleterre est en effet prête à «prendre toute action nécessaire pour soutenir la croissance et faire revenir l'inflation à son niveau cible (de 2%)», et «à cette fin, la plupart des membres du Comité s'attend à ce que la politique monétaire soit assouplie en août», ont révélé les minutes de la réunion du CPM achevée le 13 juillet.

«Les marchés ont bien fonctionné»

Mais la Banque d'Angleterre a souligné que malgré la forte réaction sur les marchés financiers après l'annonce le 24 juin de la décision des Britanniques de quitter l'Union européenne (UE), «les marchés ont bien fonctionné, et l'amélioration de la résistance du système financier du Royaume-Uni, et la flexibilité du cadre de régulation, ont permis de limiter plutôt que d'amplifier l'impact du résultat du référendum».

Le CPM avait déjà prévenu en mai et en juin qu'«un vote pour une sortie de l'Union européenne pourrait avoir un impact considérable sur les perspectives de la production et de l'inflation».

«Le Comité estime qu'un éventail d'influences sur la demande, l'offre et le taux de change pourrait entraîner une trajectoire considérablement plus basse pour la croissance et plus haute pour l'inflation» par rapport aux estimations publiées dans son rapport trimestriel, a précisé la Banque d'Angleterre.

Ainsi, le Comité va prendre en compte dans les semaines à venir de quelle façon les perspectives pour l'économie britannique ont changé suite au résultat du référendum et il publiera ses nouvelles prévisions dans son rapport trimestriel attendu le 4 août prochain.

Un des membres du Comité, Gertjan Vlieghe, a tout de même appelé jeudi à baisser le taux directeur de l'institution à 0,25%. Pour lui, «les perspectives économiques ternes avant même le référendum avaient été proches de justifier un nouveau stimulus» monétaire, ont relevé les minutes de la réunion.

Et avec des premiers éléments montrant une nouvelle atténuation de la demande après le référendum, «les perspectives à moyen terme pour l'inflation, même en prenant en compte un coup de pouce d'un niveau affaibli de la livre sterling, justifiaient un assouplissement immédiat de la politique monétaire à être complété par un paquet de mesures additionnelles en août», a estimé M. Vlieghe.

Les neuf membres du CPM ont par ailleurs maintenu à l'unanimité le montant total du programme de rachats d'actifs, dit d'«assouplissement quantitatif» de la Banque d'Angleterre à 375 milliards de livres.

Ce programme lancé en mars 2009 est en suspens depuis novembre 2012.