Le groupe des sept pays aux économies les plus développées (G7) s'est dit prêt, au lendemain du vote des Britanniques pour quitter l'Union européenne, à prendre les mesures nécessaires pour stabiliser l'économie et la situation financière mondiale.

Dans une déclaration écrite, le G7 a affirmé respecter le résultat du référendum et a dit avoir bon espoir que l'économie du Royaume-Uni et les secteurs financiers resteront vigoureux.

Le groupe a toutefois ajouté qu'il reconnaissait que la volatilité «excessive» et les mouvements «désordonnés» des taux de change pouvaient avoir un impact négatif sur la stabilité économique et financière.

Les banques centrales ont entrepris des démarches pour assurer des liquidités adéquates et pour soutenir le fonctionnement des marchés, a affirmé le G7 dans sa déclaration. Ce dernier s'est également dit prêt à avoir recours à des instruments reconnus pour redresser les liquidités.

Le G7 est composé du Canada, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, du Japon, du Royaume-Uni et des États-Unis. L'Union européenne est elle aussi représentée au sein de l'organisation.

Les banques centrales sur le pied de guerre

Les banques centrales étaient sur le pied de guerre vendredi après le choc du non britannique à l'Europe, prêtes à intervenir ou l'ayant déjà fait pour prévenir un assèchement de liquidités et contrer des mouvements extrêmes de changes.

Au lendemain du choix des Britanniques de quitter l'Union européenne, la livre sterling était en chute libre, les autres devises extrêmement volatiles, et les Bourses dégringolaient, titres bancaires en tête. Une situation d'instabilité qui a conduit les grandes banques centrales à agir - ou à promettre de le faire.

Concernée en premier chef par les répercussions du référendum, la Banque d'Angleterre (BoE) s'est dite prête à injecter des centaines de milliards de livres de fonds additionnels afin d'assurer des liquidités suffisantes aux marchés.

Dans la foulée, la Banque centrale européenne (BCE) s'est dite «prête à fournir des liquidités supplémentaires, si nécessaire, en euros et en devises étrangères», promettant par ailleurs d'«assumer ses responsabilités» eu égard à la stabilité des prix et du secteur financier en zone euro.

En «contact étroit avec les autres banques centrales», l'institution monétaire de Francfort a, en parallèle, tenté de ramener un peu de calme en assurant que «le système bancaire de la zone euro est résistant en termes de capitaux et de liquidités» tandis la BoE a également assuré que les banques britanniques pouvaient résister à l'onde de choc du Brexit.

Emboîtant le pas à ses homologues, la Réserve fédérale américaine (Fed) a assuré être prête à fournir des liquidités en dollars aux autres banques centrales pour faire face aux «pressions» qui pourraient surgir sur les marchés financiers.

Et les ministres des Finances et présidents des banques centrales du G7 ont, dans un communiqué commun, mis en garde vendredi contre les possibles «effets néfastes» sur la stabilité économique des mouvements de change «excessifs» après le choc du «non» britannique.

Les «banques centrales du G7 ont pris des mesures» pour prévenir un assèchement de liquidités ont-ils ajouté. «Nous nous tenons prêts à utiliser les instruments prévus à cette fin».

Filet de sécurité

«Comme un filet de sécurité et pour soutenir la bonne marche des marchés, la Banque d'Angleterre se tient prête à fournir plus de 250 milliards de livres (326 milliards d'euros) de fonds additionnels à travers ses opérations normales», a détaillé le gouverneur de la BoE Mark Carney pour sa part dans une intervention télévisée, en direct des locaux de la banque centrale au coeur de la City de Londres.

Les «opérations normales» désignent les emprunts au jour le jour que les banques effectuent auprès de la banque centrale.

Comme la BCE, la banque centrale britannique est «également capable de fournir des liquidités considérables en devises étrangères, en cas de besoin», a ajouté M. Carney.

Cet approvisionnement en devises étrangères est réglé par un accord entre les six plus grandes banques centrales mondiales - la BCE, celles d'Angleterre, du Japon (BoJ), du Canada, de Suisse (BNS) et la Fed - qui les engage à se fournir mutuellement des liquidités dans leur devise respective en cas de turbulences financières.

Datant de 2013, cet accord n'a pas été activé depuis. Il permettra à la Banque d'Angleterre d'approvisionner les banques britanniques non seulement en livres, mais aussi en euros ou en dollars si elles se retrouvaient à sec, par exemple si aucune autre banque ne voulait leur en prêter. La BoE emprunterait à cette fin des dollars auprès de la Fed et des euros auprès de la BCE.

Avant d'être institutionnalisé, ce type d'opérations a déjà été beaucoup utilisé, au moment de la crise financière de 2008-2009 mais aussi en 2011 pendant la crise de la zone euro, lorsque les banques américaines ne prêtaient plus de dollars aux banques européennes.

Intervention de la BNS

Première à réagir vendredi du fait de l'heure de diffusion des résultats, la Banque du Japon s'est dite «prête à fournir les liquidités suffisantes, notamment en utilisant le mécanisme de swap en vigueur entre les six banques centrales, et ainsi assurer la stabilité des marchés».

Vendredi matin, les turbulences sur le franc suisse, valeur refuge par excellence, ont conduit la Banque nationale suisse à intervenir sur le marché des changes pour stabiliser sa monnaie, prisée par les investisseurs en période d'incertitudes.

En Russie, dont le rouble était déjà très affaibli, la banque centrale suit aussi «attentivement la situation» mais, pour l'heure, considère que la réaction des marchés mondiaux à ce Brexit à venir ne présente «pas de risques directs pour la Russie».

Avec AFP, Mathilde RICHTER à FRANCFORT et Alice DORE à Londres