La nouvelle tranche de prêt de 7,5 milliards d'euros à la Grèce devait être versée mardi, ont annoncé à Athènes des responsables européens dont le président de la Commission Jean-Claude Juncker, qui a jugé que le pays avait «franchi un cap critique» vers son redressement.

«Aujourd'hui, le MES verse 7,5 milliards d'euros (un euro = 1,44$ CAD) à la Grèce», a indiqué le directeur général du Mécanisme européen de stabilité Klaus Regling, à l'issue d'une rencontre avec le ministre grec des Finances Euclide Tsakalotos.

Le principe de ce versement, le premier depuis fin décembre, avait été acté vendredi par le MES.

La Grèce a en effet «accompli de nombreuses réformes», a relevé M. Regling, citant la réforme des retraites, du système fiscal, et le lancement d'un vaste programme de privatisations.

«La Grèce a franchi un cap critique», lui a fait écho M. Juncker à l'issue d'un entretien avec le premier ministre, Alexis Tsipras.

Grâce à la «détermination et courage du peuple grec», le pays, menacé il y a un an d'être poussé hors de la zone euro, y «est définitivement et solidement ancré», a ajouté le président de la Commission européenne.

A l'approche du référendum britannique sur le maintien dans l'UE, M. Juncker s'est lâché sur le «débat pernicieux» mené il y à un an sur le Grexit, qu'il a qualifié de «perspective stupide».

«Maintenant qu'il y a le risque réel de départ d'un pays» de l'UE, «les plans de certains pour un Grexit apparaissent dans toute leur stupidité», a pour sa part souligné M. Tsipras.

«Je n'ai jamais suivi les raisonnements absurdes de ceux qui voulaient que la Grèce s'éloigne de la zone euro, et finalement nous avons gagné contre ceux qui croyaient être les orthodoxes et les détenteurs de la raison européenne», avait déjà souligné M. Juncker avant une rencontre dans la matinée avec le président grec, Prokopis Pavlopoulos.

Le versement de la nouvelle tranche de prêts ne devait être effectif qu'en fin de journée, pour des raisons techniques, a indiqué à l'AFP un spécialiste du sujet.

Ces 7,5 milliards d'euros font partie d'une enveloppe de 10,3 milliards d'euros convenue par la zone euro, et serviront à payer de la dette (au FMI et à la BCE), pour 5,7 milliards d'euros, et des arriérés de l'État à ses fournisseurs pour 1,8 milliard.

La Grèce doit encore faire des efforts pour obtenir les 2,8 milliards d'euros restants d'ici l'automne.

Tout cela s'inscrit dans le troisième plan d'aide financière au pays signé en juillet dernier, et prévoyant 86 milliards de nouveaux prêts sur trois ans. Le versement de mardi porte à 28,9 milliards d'euros les fonds débloqués par le MES dans ce cadre.

M. Regling a promis que le MES, «de loin le plus gros créancier de la Grèce» avec plus de 170 milliards d'euros versés depuis le début de la crise en 2010, «continuerait à assister» le pays.

Notamment, a-t-il souligné, par «des prêts à conditions très favorables». Actuellement, selon lui, grâce à des taux d'intérêt faibles (0,8% actuellement) et une maturité longue (32 ans), la Grèce épargne 8 milliards d'euros par an.