La livre sterling et les bourses mondiales se sont envolées lundi quand de nouveaux sondages et les preneurs aux livres ont témoigné d'une hausse des appuis au maintien du Royaume-Uni au sein de l'Union européenne, à quelques jours du vote référendaire.

Le meurtre sordide de la parlementaire pro-Europe Jo Cox en pleine rue la semaine dernière semble avoir coupé les ailes à ceux qui souhaitent voir Londres claquer la porte du bloc de 28 pays.

Nigel Farage, une des figures de proue du mouvement qui prône le départ, a accusé ses adversaires de tenter de profiter du meurtre de Mme Cox pour faire avancer leur cause.

Les partisans du «partir» ont aussi perdu lundi l'appui d'une ancienne présidente du Parti conservateur, qui a changé de camp après avoir été dégoûtée par une affiche qui montre un groupe de migrants qui traversent l'Europe, avec la légende: POINT DE RUPTURE. Sayeeda Warsi a déploré lundi que les voix les plus modérées du camp «rester» aient été enterrées par une campagne de xénophobie et de haine.

La campagne référendaire a été interrompue pour trois jours après le meurtre de Mme Cox. Une analyste a expliqué que cette pause semble avoir été salutaire au camp «rester», avant d'ajouter que les marchés ont toujours privilégié le maintien du Royaume-Uni au sein de l'UE.

La livre sterling a pris 1,8% lundi, après avoir touché la semaine dernière son seuil le plus bas depuis avril. Sur les places boursières, le FTSE 100 progressait de 2,6% et les autres bourses du monde étaient elles aussi en hausse. Le DAX allemand prenait 3,1%.

Les sondages placent maintenant les deux camps pratiquement au coude à coude, avec un écart à l'intérieur de la marge d'erreur, mais trois des quatre sondages réalisés depuis la mort de Mme Cox accordent l'avance au camp «rester». Le sondeur Ben Page, de la firme Ipsos MORI, a expliqué que cela est possiblement dû au «dégoût» engendré par le meurtre.

La firme de prises aux livres Betfair a indiqué que l'éventualité d'une victoire du camp «rester» s'établit maintenant à 72%, comparativement à 65 pour cent vendredi.

L'issue du scrutin pourrait toutefois dépendre du taux de participation, puisque les militants du camp «partir» semblent plus déterminés que leurs adversaires. La météo pourrait également y être quelque chose, le pays étant en proie aux intempéries depuis plusieurs jours.

Le camp «partir» est sorti en force lundi en accusant le camp «rester» de ne faire aucune distinction entre le tueur présumé de Mme Cox et les Britanniques qui souhaitent simplement sortir de l'UE.

«On voit aujourd'hui le premier ministre (David Cameron) et le camp «rester» essayer d'amalgamer les gestes d'un individu dérangé aux croyances de la moitié des Britanniques qui estiment qu'on devrait reprendre le contrôle de nos frontières et le faire intelligemment», a déclaré M. Farage à la radio LBC.

M. Farage a aussi défendu les panneaux qui ont outré Mme Warsi, qui compte parmi les politiciennes les plus en vue du pays.

«Ce genre de campagne d'insinuations, raciste et xénophobe, est peut-être utile politiquement à court terme, mais elle cause des dommages à long terme à nos communautés», a estimé Mme Warsi.