La commission européenne a légèrement réduit mardi ses prévisions de croissance en zone euro pour cette année et l'an prochain, s'inquiétant des risques de ralentissement en Chine et des effets néfastes d'un éventuel «Brexit».

Dans ses prévisions de printemps, l'exécutif européen table désormais sur une croissance du Produit intérieur brut (PIB) de 1,6% en 2016 et de 1,8% en 2017 --après 1,7% en 2015-- dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique, contre 1,7% en 2016 et 1,9% en 2017 prévus dans ses prévisions d'hiver du 4 février dernier.

«La croissance européenne va rester positive mais modérée en 2016 et 2017 à des niveaux proches de l'an dernier. Notre croissance est donc stable», a commenté le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse à Bruxelles.

Soulignant la «reprise inégale» dans la zone euro, «tant entre États membres qu'au sein de la société, entre les plus forts et les plus faibles», M. Moscovici a enjoint aux gouvernements «d'engager une action résolue, individuellement et collectivement».

Ainsi les taux de croissance de la zone euro prévus pour 2016 oscillent entre -0,3% pour la Grèce --seul pays en récession parmi les 19-- et 4,1% pour Malte.

La Commission européenne a par ailleurs souligné les grandes incertitudes entourant ces prévisions, en raison des risques extérieurs, d'une part, tels que le ralentissement de la croissance des marchés émergents, et plus particulièrement de la Chine, et d'autre part, des menaces intérieures liées notamment à un éventuel «Brexit».

Lors d'un référendum le 23 juin prochain, le Royaume-Uni décidera de son maintien ou non dans l'UE. Une décision qui pourrait être lourde de conséquences sur son économie, mais aussi sur celle de l'UE.

Soutien à la BCE

Pour l'ensemble des 28 pays de l'UE, l'exécutif européen a également légèrement réduit ses prévisions de croissance: il table désormais sur 1,8% en 2016 et 1,9% en 2017, contre 1,9% cette année et 2,0% l'an prochain, dans ses prévisions du 4 février dernier.

Sur le front de l'emploi, les prévisions de printemps sont légèrement meilleures que celles de l'hiver. La Commission européenne table désormais sur un taux de chômage en zone euro de 10,3% en 2016 et de 9,9% en 2017, après 10,9% l'an passé. Le 4 février, elle prévoyait un taux de 10,5% cette année et de 10,2% l'an prochain.

«Le taux de chômage est encore trop haut et il faut faire davantage d'efforts, notamment pour réduire le nombre de sans-emploi chez les jeunes et les chômeurs de longue durée», a prôné M. Moscovici.

La situation de l'emploi est également extrêmement disparate entre les pays de la zone euro: la Grèce devrait afficher le plus mauvais résultat cette année avec un taux de chômage de 24,7%, l'Allemagne le meilleur avec 4,6%.

Côté inflation, que la Banque centrale européenne s'évertue pourtant à relancer depuis des mois, la Commission a également revu en baisse ses prévisions: elle attend désormais +0,2% en 2016 et +1,4% en 2017.

Dans ses prévisions d'hiver, elle tablait sur une hausse des prix à la consommation de 0,5% cette année et de 1,5% pour l'an prochain.

Des chiffres bien en deçà de l'objectif de la BCE d'un taux d'un peu moins de 2% dans l'Union monétaire, considéré comme signe de bonne santé de l'économie.

L'exécutif européen a d'ailleurs apporté son soutien au président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, très vivement critiqué en Allemagne pour sa politique de très faibles taux.

«La politique monétaire très accommodante de la BCE a ouvert la voie à une reprise de l'investissement en facilitant l'accès à un financement moins coûteux», a estimé la Commission dans un communiqué.

Tous les détails des prévisions par pays sont disponibles sur ce lien: https://ec.europa.eu/economy-finance/eu/forecasts/2016-spring-forecast-en.htm clp/agr/az