L'OCDE a pressé lundi le Japon de faire de la relance de la croissance «sa priorité numéro un» avec des réformes concrètes face à un déclin de la population active, insistant également sur l'urgence d'assainir sa situation budgétaire via la politique fiscale.

«Le défi démographique du Japon est de taille mais n'est pas insurmontable», a déclaré à Tokyo Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).

Il demande à l'archipel de prendre des dispositions pour «stimuler la productivité et encourager plus de femmes et personnes âgées à travailler».

Il a aussi plaidé pour que le Japon continue d'élever sa taxe sur la consommation qui, même si elle atteignait 10% comme prévu en avril 2017 (contre 8% aujourd'hui), serait encore loin de la moyenne, double, des pays de l'OCDE.

Selon l'organisme, les changements démographiques au Japon (déclin et vieillissement) ont eu un impact négatif de plus d'un demi-point de pourcentage sur le taux annuel de croissance économique du pays au cours de la période allant de 1999 à 2011.

Toutefois, l'évolution démographique (40% de la population aura plus de 65 ans en 2050) ne sera pas pénalisante sur tous les plans si le Japon procède à des réformes structurelles. Bien que promises par le gouvernement conservateur de Shinzo Abe, elles tardent à être mises en oeuvre.

«Le fait que les travailleurs et les consommateurs vivent plus longtemps est bien sûr une bonne chose en soi et peut aussi être un atout économique», à condition que des changements interviennent, souligne l'OCDE.

En outre, une population en déclin devrait permettre une plus grande souplesse dans l'utilisation des terres, des transports plus fluides et les prix des logements plus abordables.

«Avec les bonnes politiques, une longévité accrue des travailleurs et des villes moins denses, pourraient naître plus d'innovation, une meilleure croissance et un bien-être inédit», estime l'organisme.

«Cela exigera cependant des progrès sur la troisième flèche des abenomics» (celle des réformes structurelles), en complément des largesses budgétaires et de la souplesse monétaire.

Et d'appeler le secteur privé à faire preuve de «davantage de dynamisme et à renforcer ses liens avec les universités en encourageant une plus grande mobilité des chercheurs».

L'OCDE invite aussi pour la énième fois les autorités et entreprises à faciliter le couplage travail/vie privée, tant pour les femmes que pour les hommes, en s'attaquant à l'habitude qu'ont notamment les seconds de passer plus de temps dans l'entreprise qu'à la maison et en augmentant les structures d'accueil pour les petits.