La Banque d'Angleterre devrait de nouveau laisser inchangé son taux directeur jeudi à l'issue de sa réunion de mars, alors que des observateurs commencent à se demander si le ralentissement économique britannique ne pourrait pas pousser l'institution à donner un nouveau coup de pouce monétaire.

Sans aucun doute, la Banque d'Angleterre va laisser son taux directeur à 0,50% jeudi suite à la réunion de mars de son Comité de politique monétaire (CPM)», a prévenu Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

Le Comité devrait ainsi maintenir le principal taux directeur de l'institution au niveau historiquement bas auquel il est fixé depuis mars 2009.

Les neuf membres du CPM devraient également opter pour un maintien à 375 milliards de livres (environ 480 milliards d'euros) du montant total de son programme de rachats d'actifs, dit d'«assouplissement quantitatif», lancé en mars 2009 et épuisé depuis novembre 2012.

«Les récents évènements depuis leur vote unanime pour maintenir inchangés les taux en février ne devraient pas avoir entraîné de changement d'opinion au sein du CPM», a abondé Ruth Miller, économiste chez Capital Economics.

En effet, «avec des nouvelles économiques globalement décevantes au niveau domestique depuis le rapport (trimestriel) sur l'inflation (et la croissance), rien ne laisse vraiment penser que le membre le plus haussier du CPM, Ian McCafferty, va restaurer son vote pour une hausse des taux», a estimé Mme Miller.

M. McCafferty s'était rallié à la majorité en février après s'être prononcé, d'août 2015 à janvier dernier, en faveur d'une hausse du taux directeur de l'institution à 0,75%.

Les données économiques publiées depuis début février ont dans l'ensemble alimenté la méfiance des observateurs, comme le fait que la croissance britannique s'est affichée à 0,5% au quatrième trimestre, «soit toujours en deçà du taux de 0,6% vu par (le gouverneur de la Banque d'Angleterre) Mark Carney comme nécessaire pour absorber les dernières capacités excédentaires de l'économie», a expliqué Mme Miller.

Une baisse de taux envisageable?

Et «avec une économie britannique de toute évidence balbutiante jusqu'à présent en 2016, ainsi que des incertitudes élevées au niveau national et international, une hausse des taux a disparu de l'ordre du jour pour le moment», a estimé M. Archer.

D'ailleurs, l'Office de responsabilité budgétaire (OBR) a abaissé mercredi ses prévisions pour la croissance et l'inflation au Royaume-Uni en 2016.

Les prix à la consommation devraient ainsi monter de 0,7% contre 1% estimé en novembre dernier, et ce alors que, selon le mandat de la Banque d'Angleterre, maintenu mercredi par George Osborne lors de la présentation du budget du Royaume-Uni, l'institution doit faire en sorte par sa politique monétaire que l'inflation atteigne le niveau cible de 2%.

De plus, l'incertitude sur les perspectives économiques du Royaume-Uni est exacerbée par le fait que les Britanniques doivent se prononcer le 23 juin sur le maintien ou non du pays au sein de l'Union européenne (UE), son principal partenaire économique.

Dans ce contexte de données décevantes et d'incertitudes, «un des membres du CPM, Gertjan Vlieghe, a récemment indiqué qu'il ne faudrait pas beaucoup de nouvelles déceptions (sur le plan des indicateurs) pour qu'il vote en faveur d'une politique plus accommodante, ce qui a déclenché des spéculations sur une baisse de taux», a relevé Mme Miller.

Mais pour elle, même si la probabilité d'une baisse de taux avant la fin de l'année s'est récemment renforcée sur le marché, il est peu probable que le CPM étudie sérieusement une telle action. Elle ne s'attend pas non plus à ce que la Banque d'Angleterre puisse relever ses taux avant novembre.

Pour Howard Archer, «l'économie n'est pas suffisamment affaiblie pour justifier» une nouvelle phase d'assouplissement quantitatif, mais il a tout de même repoussé la date à laquelle il estime possible une hausse de taux, de février à mai 2017.