Le chômage a de nouveau légèrement reculé en janvier dans la zone euro, au plus bas depuis plus de quatre ans et demi, mais il reste à un niveau trop élevé pour doper les salaires, estiment mardi les analystes.

Dans les dix-neuf pays de l'espace de la monnaie unique, le taux de sans-emplois s'est établi à 10,3% en janvier, le plus faible depuis août 2011, selon l'Office européen de statistiques Eurostat.

Ce chiffre est légèrement meilleur que celui du consensus d'analystes interrogés par le fournisseur de services financiers Factset, qui tablaient sur 10,4%, soit le même taux qu'en décembre.

«Il est toutefois bien au-dessus du taux moyen de chômage qu'affichait la zone euro avant la crise: 8,8% entre 1999 et 2007», relève Jack Allen de Capital Economics. Et d'ajouter: «Il est encore trop haut pour engendrer une hausse des salaires».

Un avis partagé par son confrère Bert Colijn d'ING: «Même si le chômage a reculé relativement rapidement --il s'agit de la cinquième baisse en six mois--, il est improbable que cela débouchera sur une croissance forte des salaires à court terme».

Pour les prochains mois, Howard Archer, analyste d'IHS, table «sur une poursuite du déclin du chômage, limitée toutefois en raison d'une croissance atone dans un certain nombre de pays et un moral des entrepreneurs moins bon du fait des incertitudes sur la croissance mondiale».

Fin 2016, il s'attend à un recul à moins de 10% pour l'ensemble de la zone.

De fortes disparités persistent au sein des 19 pays de l'espace de la monnaie unique. L'Allemagne affiche un taux de chômage de 4,3% en janvier, le plus faible de tous.

Pour ce pays, très exportateur, le ciel pourrait cependant s'assombrir en raison de la faiblesse de la croissance des pays émergents, ce qui risque de se répercuter sur l'emploi dans l'industrie, pilier de la première économie de la zone euro.

Par ailleurs, le chômage devrait augmenter dans quelques mois dans ce pays, une fois que les migrants arrivés depuis l'an dernier auront été enregistrés comme réfugiés et demandeurs d'emplois. Vu la longueur des procédures, cela pourrait toutefois ne pas intervenir avant l'an prochain.

En France, le taux de chômage s'est élevé à 10,2%. Le gouvernement du président François Hollande est actuellement à la peine pour faire passer une grande réforme du code du travail, vivement contestée par les syndicats et une partie de la gauche.

Les taux de chômage les plus élevés dans la zone euro ont été relevés en Grèce (24,6% en novembre, dernier chiffre disponible) et en Espagne (20,5%).

Le taux chômage des jeunes (moins de 25 ans) dans la zone euro était plus élevé que celui de l'ensemble de la population: 22%, avec de fortes disparités. Le taux le plus faible était enregistré en Allemagne: 7,1% et les plus élevés en Grèce (48% en novembre 2015, dernier chiffre disponible) et en Espagne (45,0%).

Dans l'ensemble des 28 États membres de l'UE, le chômage s'est établi à 8,9%, soit légèrement inférieur à celui de décembre: 9,0%. Il s'agit du taux le plus faible depuis mai 2009. Le taux de chômage des jeunes dans l'UE s'est établi à 19,7%.