Une myriade de grands patrons britanniques ont mis en garde mardi sur les dangers d'un «Brexit» sur l'emploi et l'économie, alors que la campagne entre dans le vif du sujet à quatre mois du référendum sur cette question.

«Quitter l'UE découragerait l'investissement, menacerait l'emploi et mettrait en danger l'économie. Le Royaume-Uni sera plus fort, plus en sécurité et plus riche en restant un membre de l'UE», déclarent les 200 signataires, parmi lesquels figurent 36 présidents ou directeurs généraux des 100 plus grandes entreprises cotées à la Bourse de Londres.

La lettre porte ainsi la signature de figures importantes du monde des affaires britannique, comme Douglas Flint et Stuart Gulliver, respectivement président et directeur général de HSBC, le première banque d'Europe, ou encore les patrons des magasins Marks and Spencer et du géant pétrolier BP.

«A la suite de la renégociation menée par le premier ministre (David Cameron), nous croyons qu'il est préférable pour le Royaume-Uni de rester dans une Union européenne réformée», ajoutent-ils, à quatre mois du référendum lors duquel les Britanniques se prononceront sur le maintien ou non de leur pays dans l'UE.

«Les entreprises ont besoin d'un accès sans restriction au marché européen de 500 millions de personnes pour pouvoir continuer à grandir, à investir et à créer des emplois».

Manquent toutefois à l'appel les dirigeants de plusieurs entreprises britanniques emblématiques, comme les supermarchés Tesco ou la banque Barclays. Cette dernière a toutefois expliqué à l'AFP avoir pour politique de ne pas signer de lettres collectives mais pense néanmoins que «la Grande-Bretagne est mieux au sein de l'UE».

Carlos Ghosn, patron du groupe automobile japonais Nissan, qui emploie directement 8000 personnes au Royaume-Uni et possède la plus grosse usine automobile du pays, s'est fendu de son propre communiqué mardi pour déclarer que sa préférence allait à un Royaume-Uni «dans l'Europe - cela est plus logique pour l'emploi, le commerce et les coûts».

«Pour nous, une situation de stabilité est plus positive qu'une collection d'inconnues», a-t-il fait valoir.

La campagne bat son plein

Ces prises de position interviennent au moment où la campagne bat son plein depuis l'annonce samedi de la tenue d'un référendum le 23 juin, à la suite des concessions obtenues par le premier ministre britannique David Cameron à Bruxelles en fin de semaine dernière auprès de ses partenaires européens.

Les arguments se sont rapidement polarisés autour de deux thèmes, la sécurité et l'économie. «Quitter l'Europe menacerait notre sécurité économique et nationale», a ainsi fait valoir David Cameron lundi devant le Parlement, afin d'essayer de convaincre les nombreux eurosceptiques de son propre parti conservateur.

Signe d'une certaine fébrilité, la livre sterling était tombée lundi à son plus bas niveau en près de sept ans face au dollar, plombée entre autres par le ralliement du truculent maire de Londres Boris Johnson au camp de la sortie de l'UE.

Les eurosceptiques promettent pour leur part aux entreprises plus de liberté et moins de bureaucratie.

«Un Brexit réduira le fardeau réglementaire inutile et les coûts qui pèsent sur les entreprises, ce qui pourra être utilisé pour investir dans plus d'emplois, pas moins», a fait valoir mardi Richard Tice, un homme d'affaires cofondateur de la campagne Leave.EU.

Le camp anti-UE a cependant peiné jusqu'à maintenant à recruter des grands patrons, n'ayant que quelques figures isolées à mettre en avant, comme le roi des aspirateurs Sir James Dyson.

Si le grand patronat et la City ont dans l'ensemble déjà choisi le camp du maintien, l'inconnue réside désormais dans l'attitude des patrons de PME. Les petites entreprises, qui exportent moins et emploient moins d'étrangers dans l'ensemble, souffriraient moins directement en cas de Brexit.

La fédération des petites entreprises (FSB) avait révélé en septembre que 47% de ses membres voteraient pour le maintien dans l'UE, 41% contre tandis que plus de 10% étaient encore indécis.