Des membres du comité monétaire de la Banque du Japon avaient mis en garde contre l'adoption des taux négatifs, une mesure exceptionnelle qui ne devrait être adoptée qu'en «situation de crise», a révélé lundi le «résumé d'opinions» de la réunion des 28-29 janvier.

On savait que la décision - qui consiste à pénaliser les banques plaçant leurs liquidités dans les coffres de la Banque du Japon, dans l'espoir de stimuler le crédit, et donc l'activité économique - avait été adoptée à une courte majorité (par 5 voix contre 4), sous l'impulsion du gouverneur Haruhiko Kuroda, mais les arguments de chacun n'avaient pas encore été rendus publics.

«C'est le moment ou jamais d'agir pour maintenir la dynamique de l'économie japonaise», a argué un partisan d'un nouvel assouplissement, selon un document de six pages détaillant les avis des neuf membres de manière anonyme, qui précède la diffusion d'un compte-rendu plus détaillé en mars (les minutes).

Volatilité des marchés financiers, chute des prix du pétrole, ralentissement en Chine et autres pays émergents: plusieurs membres ont mis en avant les risques menaçant la reprise et l'inflation dans la troisième économie mondiale et souligné la nécessité de franchir le Rubicon avant qu'il ne soit trop tard.

«La Banque devrait renforcer sa politique (...) en mettant en place de nouvelles mesures pour rester crédible», a plaidé l'un d'entre eux.

«Les taux d'intérêt négatifs permettront à la Banque du Japon de démontrer qu'elle est dotée d'une grande marge de manoeuvre pour assouplir sa politique via trois dimensions: quantitative, qualitative et les taux d'intérêt», peut-on lire. La Banque du Japon peut en outre s'appuyer sur «les expériences menées dans certains pays européens», comme le Danemark ou la Suisse qui ont testé les taux négatifs avant d'être imités par la Banque centrale européenne (BCE) en juin 2014.

Mais d'autres ont émis des doutes sur une telle mesure, qui ne se justifierait à leurs yeux qu'«en situation de crise». «Je crains qu'elle donne l'impression aux marchés que la politique monétaire a atteint ses limites», a avancé un membre.

Plusieurs ont souligné l'impact des taux négatifs sur «la rentabilité des institutions financières», y voyant une source de «confusion et d'inquiétude» pour les banques et leurs clients. Au final, «les effets secondaires l'emportent sur les effets positifs», a estimé un opposant.