L'activité manufacturière chinoise s'est nettement contractée en janvier, enregistrant son plus fort repli depuis plus de trois ans, selon un indice gouvernemental publié lundi qui confirme l'essoufflement persistant du secteur industriel dans la deuxième économie mondiale.

L'indice officiel des directeurs d'achat (PMI), calculé par le Bureau national des statistiques (BNS), s'est établi pour janvier à 49,4, contre 49,7 en décembre, et à son plus bas niveau depuis août 2012.

Le PMI officiel s'est établi en deçà de la prévision médiane (49,6) des analystes interrogés par l'agence Bloomberg.

Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l'activité manufacturière, tandis qu'un indice inférieur à ce seuil signale une contraction du secteur.

Or, c'est le sixième mois consécutif que ce baromètre de référence, fondé entre autres sur les carnets de commandes des entreprises, traduit un recul de l'activité, une série inédite par sa longueur, a noté Bloomberg.

«Le secteur manufacturier fera probablement face à une année difficile étant donné les surcapacités, l'affaiblissement de la demande mondiale et les projets gouvernementaux de lutte contre la pollution», ont déclaré Liu Ligang et Louis Lam, économistes chez ANZ, dans un communiqué.

La croissance chinoise a ralenti à 6,9% en 2015, son plus faible niveau depuis 25 ans, un signal inquiétant pour l'économie mondiale.

Les dirigeants chinois vantent la «nouvelle normalité» d'une croissance amoindrie -- «d'environ 7%» --, fruit de leurs efforts pour rééquilibrer l'économie vers la consommation intérieure, l'innovation et les services, en diminuant la dépendance à l'égard des exportations et des investissements. Mais la transition s'avère difficile et la baisse de croissance alarme les investisseurs internationaux.

«Le marasme se propage»

Le cabinet Caixin-Markit, qui calcule de façon indépendante son propre indice, et prend davantage en considération les petites et moyennes entreprises, a établi son propre PMI à 48,4 pour janvier, à un niveau légèrement supérieur qu'en décembre (48,2), selon un communiqué publié lundi.

Liu Dongliang, analyste de la China Merchants Bank (CMB), notant que le PMI officiel couvre davantage de grosses entreprises, a estimé que «le marasme du secteur manufacturier se propage des petites et moyennes entreprises aux plus grandes».

Selon les chiffres gouvernementaux, le sous-indice des nouvelles commandes a chuté à 49,5 (contre 50,2 en décembre), «indiquant une demande en baisse sur le marché manufacturier».

Le sous-indice de l'emploi, à 47,8, montrait toujours un repli, a déclaré le BNS.

Les analystes s'attendent à ce que le gouvernement poursuive ses mesures d'assouplissement monétaire en abaissant les ratios de réserves obligatoires des banques, voire même les taux d'intérêt, afin de stimuler la croissance.

«Ne pas s'engager dans un nouvel assouplissement pourrait rendre l'économie encore plus fragile, ce qui risquerait ainsi d'intensifier les perspectives de dépréciation et les fuites de capitaux», estimaient MM. Liu et Lam d'ANZ.

L'équivalent de 1000 milliards de dollars, selon les estimations de Bloomberg Intelligence, aurait quitté la Chine l'an dernier.

En décembre, ces fuites de capitaux ont atteint un total net d'environ 160 milliards de dollars, soit davantage que pour tout 2014.

Le phénomène reflète les doutes sur la politique économique chinoise, impuissante à contrer l'essoufflement de l'activité et les violentes turbulences des Bourses locales, incitant investisseurs et épargnants à échanger leurs yuans